Le nom de Rúben Amorim circule avec insistance du côté de Manchester United, où la direction semble l'avoir identifié comme un candidat sérieux pour reprendre les rênes du club. À 39 ans, le jeune entraîneur portugais, considéré comme l’un des plus prometteurs de sa génération, a déjà fait ses preuves en mettant fin à une disette de 19 ans sans titre pour le Sporting Lisbonne en 2020-2021. Il a d'ailleurs remporté un autre championnat la saison dernière, et son équipe réalise un début de saison parfait avec neuf victoires en autant de matchs.
Pragmatique, Amorim sait quand verrouiller une défense et basculer dans un bloc bas, mais il privilégie un jeu basé sur un pressing haut agressif. C’est d’ailleurs cette approche qui avait séduit les dirigeants de Manchester United lors de la nomination d'Erik ten Hag, ancien entraîneur de l'Ajax Amsterdam. Cependant, le Néerlandais, après quelques déconvenues, a été contraint d'adapter son style. Son incapacité à maintenir un pressing efficace, même après le départ de Cristiano Ronaldo et de David De Gea, deux joueurs qui limitaient sa mise en place tactique, a fait ressortir les failles tactiques de son équipe.
Avec un effectif actuel vieillissant, notamment Casemiro et Christian Eriksen, Manchester United n’a jamais véritablement réussi à reproduire ce pressing haut. Le jeune Kobbie Mainoo, 18 ans, est encore trop inexpérimenté pour porter ce lourd fardeau, tandis que Manuel Ugarte semble perdu dans une équipe en crise.
Amorim, qui utilise généralement un 3-4-3 avec des milieux mobiles, pourrait trouver des obstacles dans la structure actuelle de l’effectif de Manchester. Si le club dispose d'attaquants de couloir capables de percer les défenses adverses, il manque cruellement de véritables latéraux capables de remplir les exigences de ce système. Pire encore, il n’y a pas de place évidente pour un joueur aussi influent que Bruno Fernandes dans ce schéma tactique.
Si Amorim venait à prendre la tête du club, il pourrait être contraint de modifier son approche. Un passage au 3-4-3 en losange, avec un milieu défensif prêt à s’intégrer à la ligne arrière pour former un bloc de quatre, est une option. Fernandes jouerait alors en soutien direct de l’attaquant de pointe, mais une telle formation, impliquant des joueurs comme Casemiro, Mainoo, Ugarte et Fernandes, ne semble pas des plus prometteuses. De fait, aucune combinaison au milieu de terrain à United actuellement n’inspire véritablement confiance.
Le problème de Manchester United ne réside pas uniquement dans la composition de son effectif. C’est aussi une question de culture du club, marquée par une instabilité managériale qui empêche toute continuité. Les joueurs eux-mêmes semblent résister aux changements, et il est devenu évident que rétablir l'ordre à Old Trafford représente un chantier colossal. Plusieurs entraîneurs s’y sont cassé les dents, malgré l’attrait indéniable et la promesse de gloire que représente ce club mythique.
Pour Rúben Amorim, accepter ce défi pourrait être un tremplin vers la reconnaissance mondiale, mais cela comporte aussi un risque immense. Manchester United est un club en quête de redressement, et prendre les commandes d’une telle institution, en pleine ascension, pourrait bien être un pari risqué.