Issa Hayatou, a tiré sa révérence le 8 août, à la veille de son 78e anniversaire. Sa carrière, marquée par des succès retentissants et des controverses, laisse un héritage complexe mais indéniable dans le monde du sport africain.
Issa Hayatou a su capitaliser sur ses succès pour réclamer des places supplémentaires pour le continent africain lors de la Coupe du Monde de football. « Il a grandement contribué à mettre le football africain sur orbite, estime Abdouramane Hamadou, un ancien secrétaire général de la Fecafoot. Avec tact et fermeté, il a notamment su assurer au football africain une respectabilité et une indépendance. Face aux assauts impérialistes, il a toujours su défendre les choix et les intérêts de l’Afrique. », indique Jeune Afrique.
Sous sa présidence, les compétitions de la CAF ont connu un renouveau et ont attiré de plus en plus de sponsors. « En plus de sa vision panafricaniste, Issa Hayatou a laissé une CAF prospère avec des finances saines, preuve d’une gestion de bon père de famille », ajoute notre source. Cependant, cette gestion paternaliste a également été le talon d’Achille de sa gouvernance. Un ancien président de fédération se souvient d'un incident où Hayatou s’emporte : « De là où je viens, lorsque le chef parle on ne discute pas », lance-t-il.
Mis en cause pour son management hyper directif, Issa Hayatou n’a pas échappé aux critiques et aux soupçons. Ses détracteurs l’ont accusé de distribuer des prébendes et avantages pour s’assurer des allégeances et écraser les récalcitrants. Mais l’homme a tenu bon. Puissant, il a également eu pendant longtemps des rapports controversés avec le pouvoir de Yaoundé et de Paul Biya, au sein duquel un vent de méfiance permanent règne depuis des décennies vis-à-vis des ressortissants du septentrion, la région de l’ancien président Ahidjo.
En 2002, lorsqu’il candidate contre Sepp Blatter pour reprendre la présidence de la FIFA, le Cameroun ne lui apporte pas le soutien attendu. Pire, deux anciens Lions indomptables, Joseph-Antoine Bell et Roger Milla, soutiennent la candidature de son adversaire suisse. Issa Hayatou va tout de même se réconcilier avec son pays d’origine en pesant de tout son poids en 2014 afin que lui soit accordé l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations en 2019.
Comme tout règne, celui d’Issa Hayatou à la CAF a pris fin en 2017. Un coup de massue que l’infortuné n’avait pas imaginé, même si tous les indicateurs étaient au rouge. Avait-il méjugé les forces en présence ? Sa tentative de reprendre la tête du lamidat de Garoua, dans son village natal, quatre ans plus tard, n’aura pas plus de succès. Une fois de plus, il est reproché à Issa Hayatou de ne pas avoir suffisamment analysé le contexte et de ne pas avoir sollicité un adoubement des hautes autorités camerounaises avant de se lancer dans cette aventure électorale.
Paul Biya lui offrira tout de même un poste honorifique de président du conseil d’administration de l’Académie nationale de football (Anafoot), maroquin qu’il conservera jusqu’à sa disparition, ce 8 août à Neuilly-sur-Seine. Issa Hayatou laisse derrière lui un héritage indélébile dans le monde du sport africain. Sa passion, son dévouement et son leadership ont transformé le football africain et inspiré des générations de sportifs. Son décès, à la veille de son 78e anniversaire, marque la fin d’une époque mais son esprit et son influence continueront de vivre à travers les succès futurs du sport africain.