Avec 24 athlètes, le Cameroun est rentré bredouille de Rio. Comment l’expliquer ?
Certes, le Cameroun avait 24 athlètes dans 7 disciplines. Mais notre délégation est relativement modeste par rapport aux Etats-Unis par exemple et ses plus de 500 athlètes. Le Cameroun n’a certes pas gagné de médaille, mais la performance de certains mérite d’être saluée. Au tournoi de volleyball dames par exemple, le Cameroun a remporté deux sets dans un groupe où figuraient les meilleures équipes du monde.
Au lancer du poids, Auriol Dongmo a disputé la finale parmi les dix meilleures mondiales. En boxe, Wilfried Seyi a été éliminé en 1/8è de finale. Mais il n’a que 18 ans et c’est un boxeur d’avenir, à condition qu?il bénéficie des conditions favorables à son plein épanouissement. En dehors du sport, pour ne prendre qu’un exemple, Manu Dibango était là en tant qu’ambassadeur de la Francophonie. Au-delà du podium et des records, il fallait faire preuve de dignité, en rapport avec les valeurs de l’olympisme. Sur ce plan, je crois que le Cameroun a été valablement représenté.
Comment se fait-il donc que le Cameroun n’ait gagné aucune médaille depuis 2008 ?
Les médailles ne se décrètent pas mais se gagnent sur le terrain. A Rio, les Camerounais ont trouvé plus forts qu’eux. Peut-être est-ce lié aux problèmes d’ordre générationnel, d’encadrement technique, de préparation ou à d’autres facteurs à examiner pour rectifier le tir. Il convient de préciser que les questions de préparation relèvent d’abord des fédérations sportives, de l’encadrement technique ou de la tutelle administrative.
Le CNOSC ne vient qu’en appui. Nous devons rester conscients de notre vrai niveau. Nous allons émerger mais il faut du temps. Une fois rentrés, avec toutes les parties prenantes, nous ferons un bilan sans complaisance pour voir ce qui n’a pas marché et comment améliorer les performances.
On a parlé d’un budget de plus d’un milliard. A quoi a-t-il servi jusqu’ici ?
Les gens ne parlent que d’argent. A propos de budget, celui du Cameroun est modeste en comparaison à d’autres pays. Le budget d’une compétition comme les J.O ne se trouve pas dans la poche du président du CNOSC. Il existe un régisseur qui regarde de près la moindre dépense. Le montant que vous évoquez est à ré- partir dans plusieurs postes de dépense. Après la compétition, l’argent non utilisé sera reversé au Trésor public.
Qu’en est-il de la performance des autres athlètes africains ?
A mon avis, l’Afrique a fait à Rio l’un de ses meilleurs Jeux olympiques. Pendant longtemps, par exemple, les Américains ont dominé dans la plupart des épreuves d’athlétisme. Ce n’est plus le cas. Nous apporterons encore notre appui pour que les athlètes continuent à défendre la réputation de nos pays.
Les progrès accomplis ces dernières années par l’athlétisme africain ne sont pas le fruit du hasard, mais d’une stratégie concertée sur le moyen et le long terme. A travers par exemple les championnats d’Afrique cadets et juniors, nous mettons l’accent sur la détection et l’encadrement afin qu’ils puissent évoluer sur place et éviter ainsi la déperdition des talents, si pré- cieux pour l’évolution de l’athlétisme sur le continent.