La première journée de la phase des poules a connu une très faible participation du public dans la poule B, logée à l’Ouest.
A16h, heure du début de la seconde rencontre de la poule B au stade Omnisports de Kouekong, Bafoussam, le stade était toujours vide. Moins de 5.000 places occupées, selon une estimation sérieuse.
La CAN tant attendue est arrivée et se joue sans les spectateurs. Malgré les efforts de la réalisation pour cacher les vides des tribunes, il est clair que les populations de l’Ouest, réputés pour leur goût pour le ballon rond, n’ont pas fait le déplacement pour le stade, qui se trouve en périphérie. «La Caf a été inconséquente car les seuls supporters de Mbouda, mobilisés en masse, peuvent remplir ce stade qui, il faut le rappeler, n’a que 20.000 places », analyse André Keman, l’un des rares fonctionnaires à avoir fait le déplacement.
Non seulement l’entrée au stade était subordonnée à la présentation d’un certificat de vaccination (pour lequel un dispositif du ministère de la Santé publique a été déployé) couplé à un test négatif au coronavirus, il fallait débourser entre 4 et 10.000F pour s’offrir un ticket ; ce qui n’est pas l’habitude chez ces supporters invétérés des clubs mythiques tels que Racing de Bafoussam, Bamboutos, Aigle de la Menoua ou Panthère du Ndé.
Plusieurs potentiels spectateurs ont été refoulés à l’entrée, faute de remplir ces conditions. Devant la rigueur des contrôleurs, certains ont préféré brader leurs tickets d’entrée pour rentrer voir le match à la télé. « Je ne vous apprends rien en relevant que la question des vaccins est plus profonde que la seule participation à un match de football. En nous demandant d’aller nous vacciner avant d’aller au stade, a-t-on levé la suspicion qu’il y a autour de cette question ? Pour rien au monde, je ne prendrai ces vaccins », tranche Guillaume Poka, l’un de ces diplômés du supérieur qui « attaquent » au marché et brillent par des commentaires tranchants sur les sujets divers.
Pour ne pas arranger les choses, les matches ont été programmés dès 14h, un jour ouvrable. Or en ce moment, de nombreux amoureux du football sont encore à la recherche de leur pitance. Pour mesurer la peine de certains, il faut imaginer que les journalistes accrédités par exemple, pour qui des moyens de locomotion ont été pourvus, étaient sommés d’embarquer à 10h et 11h30. Pour se rendre dans une bourgade située certes à seulement 14km de la ville mais où les commodités ordinaires (restaurants, bars, etc.) sont encore absentes. Seule alternative, les sandwiches du groupe Kadji ainsi que leurs bouteilles d’eau.
A cette heure également, il fait chaud. Le mercure était hier au-dessus de 30°C lorsque le match entre le Sénégal et le Zimbabwe a été lancé. Dans ces conditions, il a fallu attendre la 94ème minute, pour que Sadio Mané transforme le pénalty qui a offert la victoire de son équipe, présentée comme une des favorites. Même au sortir des bureaux en fin d’aprèsmidi, le stade n’a pas connu un regain d’affluence. Dans des conditions climatiques plus douces deux heures après, la Guinée est venue laborieusement au bout du Malawi, par le même score : 1 but à 0. Dans les coins chauds de la ville, comme Akwa, Nylon, Socada, Madelon ou Explosif, ce n’était pas non plus la grande présence derrière les écrans de télévision. Même là où les promoteurs de débits de boissons ont eu la géniale idée de mettre des écrans géants, l’ambiance de la veille lors du match d’ouverture, entre le Cameroun et le Burkina Faso, avait disparu.
Sans détour, plusieurs citadins affirment leur gêne à voir le match des joueurs qu’ils ne maîtrisent pas et qu’on a éloigné en allant les loger à Bangou et Bana. L’affluence n’a pas été meilleure dans certains «villages de la Can» créés dans plusieurs communes de la région de l’Ouest.
Si à Galim, dans les Bamboutos, l’espace «Keita Mangwa» aménagé par le maire local, Gisèle Tsangue, a pu accueillir des spectateurs enthousiastes, les nouvelles d’autres localités peignent une ambiance globale semblable à celle qu’on a observée à Bafoussam.