Les Lionnes indomptables de football des moins de 17 ans ont été éliminées dès le premier tour de la Coupe du Monde qui se dispute depuis la fin septembre 2016 en Jordanie. Pour certains observateurs avertis comme Charles Mongue Mouyeme, ce n’est pas un drame.

Le consultant sportif rend hommage à cette sélection qui à son avis aura démontré beaucoup de qualités sur le terrain. «Sur le terrain, vous avez eu un comportement exemplaire, même lorsque les arbitres se sont montrées injustes envers vous, vous refusant parfois des penalties, ou fermant les yeux sur des fautes commises contre vous. À votre jeune âge, vous avez fait preuve d'une grande maturité», écrit-il dans un texte publié sur Facebook le 8 octobre dernier. Voici le texte intégral de cet hommage si particulier:

JORDANIESQUEMENT VOTRE: MERCI LES FILLES, L’HISTOIRE RETIENDRA QUE VOUS FÎTES CE QUE VOUS PÛTES

Mes chères Lionnes U-17 du football, mes filles

Vous sortez de la coupe du monde de votre catégorie avec 3 défaites en autant de matchs. Et pourtant je tiens sincèrement à vous dire MERCI, et à vous affirmer que vous n’avez absolument pas à rougir de ce mauvais résultat. Voici pourquoi:

1 - Personne ne vous volera plus jamais l’honneur et le privilège d’avoir été les premières Camerounaises à avoir participé à une coupe du monde de cette catégorie.

2 - Votre participation à cette compétition mondiale est un vrai miracle dans ce pays où il n’existe pas de compétition officielle dans votre catégorie de foot. Et si ceux qui devaient organiser ces compétitions locales s’enorgueillissent de «marquer l’histoire du football camerounais», qui oserait vous contester le droit de vous bomber le torse fièrement aujourd'hui ? Vous n’avez pas marqué l’histoire de notre foot, vous ÊTES ENTRÉES dans cette histoire.

3 - Vous êtes restées loin de vos familles et de vos amis pendant des mois ; vous avez perdu quasiment 2 années scolaires pour aller nous représenter en Jordanie. À votre jeune âge, c’est un lourd sacrifice pour la patrie. Soyez-en fières !

4 - Vous serez moquées par certains qui trouvent que vous vous êtes crues fortes en marquant 50 buts en 4 matchs amicaux, et la vraie compétition vous a ramenées sur terre. Mais répondez-leur par le silence et un sourire amusés pour qu’ils se rendent compte par eux-mêmes qu’ils se trompent de cible : car il ne vous revenait pas de penser et d’organiser votre préparation.

5 - Cette préparation mal pensée pour une compétition de niveau mondial s’est ressentie dans vos prestations: vous n’aviez véritablement du «jus» dans les jambes que pour 1 seul match. Et ce sont vos adversaires en Jordanie qui devraient avoir honte de ne pas vous avoir infligé des valises de but, car, comme vos adversaires au Maroc, vous étiez aussi une «équipe de quartier» pour l’Allemagne, le Canada ou le Vénézuéla. Et pourtant, elles ont bavé pour vous battre, profitant plus de votre malchance que de votre faiblesse.

6 - Certaines d’entre vous mériteraient d’être présélectionnées pour les Lionnes A qui préparent la CAN féminine 2016: notamment Eni KUCHAMBI (5) et Dolorès TSADJIA (3) dont la hargne et le talent ont marqué les esprits. Si cela arrive, ce sera un motif supplémentaire de fierté pour vous.

7 - Sur le terrain, vous avez eu un comportement exemplaire, même lorsque les arbitres se sont montrées injustes envers vous, vous refusant parfois des penalties, ou fermant les yeux sur des fautes commises contre vous. À votre jeune âge, vous avez fait preuve d'une grande maturité.

Revenez donc au pays sans peur ni honte, mais avec le sentiment du devoir accompli, qu’aucun Camerounais normal ne pourra vous contester.

Je ne sais pas si les dirigeants du foot feront preuve d’élégance pour organiser votre réception solennelle. Mais s’ils le font, quand ils auront fini de vous enivrer des messages qu’ils diront tenir du Chef de l’État, dites-leur que vous êtes de jeunes filles qui veulent continuer à pratiquer le foot, mais qui sont surtout préoccupées par leur avenir.

Oui, dites à ces autorités du foot et du pays que vous espérez que les sacrifices consentis par vos familles et vous seront récompensés à leur juste valeur. Car, en dehors des primes officielles qu’on doit vous payer rubis sur l’ongle, vous méritez que l’Etat du Cameroun supporte au moins la charge de vos études jusqu’au terme de celles-ci.

Soline DJOUBI, tes coéquipières et toi, lorsque vous conterez l’épopée de Jordanie aux vôtres dans quelques années, dites-leur avec fierté : « nous fîmes ce que nous pûmes » !

MERCI braves filles !

Charles MONGUE-MOUYEME