Plus la crise qui secoue le Cameroun sombre dans la violence meurtrière, plus l’Union Africaine est invisible et inaudible. C’est d’autant plus étonnant que l’actuel président de cette organisation n’est personne d’autre que Paul Kagame qui sait mieux que quiconque que prévenir un génocide vaut mieux que guérir. Mais, jusqu’ici, l’Union Africaine bille plutôt par la réserve et l’attentisme. Une fois de plus, l’échec de la diplomatie préventive fait l’affaire du business de l’humanitaire. On attend le pire arrive pour déployer l’arsenal humanitaire. C’est le paradoxe des paradoxes !
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Pourtant on dit beaucoup de bien du leadership de Paul Kagame au Rwanda post-génocide, surtout en ce qui concerne des prouesses économiques et sociales qui valent à son pays d’être l’un des plus prometteurs du continent africain aujourd’hui. Il y aurait beaucoup à redire sur sa politique étrangère à l’égard de la RDC où tout à côté à l’Est des millions de vie ont été sacrifiés ces deux dernières décennies sur l’autel de des intérêts économiques et politiques, avec la complicité des multinationales qui profitent du désordre pour piller les ressources naturelles de ce grand pays. Quoi qu’il en soit, la leçon à tirer du cas Kagame du Rwanda post-génocide est claire et simple : la qualité du leadership patriotique compte dans la reconstruction d’un pays. Le Rwanda n’a même pas 10% des ressources humaines et naturelles du Cameroun mais grâce à un leadership patriotique, Kagame l’a rendu plus respectable que le Cameroun sur la scène internationale. Selon le classement de Transparency international de 2016, le Rwanda est le 3ème pays le moins corrompu de l’Afrique tandis que le Cameroun occupe la 32ème position… comme quoi l’éthique publique fait la différence.
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Bien évidemment, face à une crise comme celle du Cameroun, on s’attendrait à ce que les organisations africaines prennent les devants en matière de diplomatie préventive. Malheureusement, c’est vers les Etats-Unis et l’Angleterre que les regards sont tournés. La France, quant à elle, joue à la chauve-souris car dans les régions affectées ses intérêts économiques sont en jeu. Encore une fois, au lieu de prévenir, la communauté internationale, dont l’hypocrisie est légendaire, fait semblant de ne rien voir, mais en même temps s’organise déjà pour l’intervention humanitaire. Kagame a fait ses preuves au Rwanda, mais au niveau continental, pour l’instant, ce n’est pas évident. Tout ceci nous ramène à la conclusion fondamentale selon laquelle un peuple ne doit pas attendre sa libération d’un autre peuple. On peut être aidé par les autres, mais on se libère soi-même, souvent au prix du sang. La 2ème guerre mondiale a fait plus de 50 millions de morts, le prix payé principalement par les Occidentaux pour vaincre le nazisme.
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