Opinions of Monday, 11 June 2018

Auteur: Freeman Bantou

Ambazonie, la crise qui va emporter le pouvoir de Paul Biya

Le décompte nous donne facilement à 365 militaires tues en un an Le décompte nous donne facilement à 365 militaires tues en un an

Le feu commence toujours par le bout du papier, et prend le reste doucement doucement avant d'arriver au centre. Quiconque suit l'actualité camerounaise de manière tactique - militaire donc - est frappe par le momentum synchroniquement maitrise de la crise anglophone: revendication coorporatiste avec Agbor Balla, entrée en scène de la rue pacifique avec Mancho Bibixy, déclaration de guerre de Paul Biya à la rue-là, ouverture du front militaire par la rue anglophone qui se donne un gouvernement opérationnel avec Ayuk Tabe, constitution de milices hétérogènes, euphorie de la guerre dans ladite rue, bref, 'wata na wata.' C'est vraiment comme si toutes les cartes que l'on enseigne à l'école militaire étaient mises une à une sur la table, de manière rectiligne et ascendante. En français de chez nous-là, on dirait: le rythme est bon. Si vous ne croyez pas ce que je dis, posez-vous la question suivante: laquelle des décisions de Paul Biya, depuis le 20 novembre 2016, a-t-elle contribue à désescalade le momentum de la guerre civile? L'arrestation des Anglophones le 7 décembre 2016? L'exécution des centaines d'Anglophones les 22 septembre et 1 octobre? L'arrestation de Ayuk Tabe et des leaders anglophones au Nigeria, et leur extradition vers le Cameroun? Kwakwa? La nomination d'Atanga Nji? Le Massacre de Piyin-Santa? La publication des résultats de la commission Musonge? Chacune de ses décisions, y compris son silence, est une escalation de la guerre, ce qui n'est pas extraordinaire en réalité: c'est que le calendrier, le momentum des choses donc, lui échappe. En d'autres termes, il ne maitrise plus la situation, et cela est unique dans les 35 ans de sa carrière politique: le temps lui échappe, a lui qui a 85 ans, et veut mourir au pouvoir. Oui, le temps échappe soudain à Biya, bebela! Donnez-lui sept ans en octobre, il va vous prier avant de fuir!

People, everything he does backfires. L'extraordinaire ici c'est que backfiring est justement la manière avec laquelle il sera balaye, car de plus en plus il devient évident qu'il sera balaye de manière violente. C'était clair depuis qu'il quittera le pouvoir par la violence, le pouvoir qu'il a eu dans la paix. Oui, depuis février 2008 en fait c'était clair qu'il quittera dans un bain de sang, le pouvoir qu'il a eu dans une révolution de palais des plus calmes. Mais la manière de sa chute ne s'est jamais autant dessinée qu'aujourd'hui - dans un génocide. Il a déclaré la guerre au peuple camerounais le 30 novembre 2017 parce que, disait-il six gendarmes avaient été tues. Nous avons depuis lors chaque jour au moins un gendarme, militaire, soldat tue. Chaque jour. Le décompte nous donne facilement à 365 militaires tues en un an. C'est énorme! Nous avons de plus en plus des cadets qui sont au front - des jeunes soldats, au salaire de $135 le mois, et qui ne savent même pas se servir d'un fusil. La différence de frappe avec les vipers est donc minimale, surtout que les soldats de Biya se battent pour de l'argent, quand les vipers se battent pour rien, mieux, pour leur propre terre ou ils ont d'ailleurs un avantage de terrain. Mieux surtout, et il faut le souligner encore: les soldats de Biya n'ont pas de couverture militaire d'assaut, parce que les chars que le fam a mis en branle en décembre 2017, il les a plutôt stationnes autour des puits de pétrole de Limbe, sa poule aux œufs d'or.

Paul Biya laisse donc ainsi sa propre armée être massacrée dans les forêts ou elle n'est pas chez elle, parce que ses armes véritables, les chars, les hélicos, il les a parques autour de puits que personne n'a encore attaque - a Limbe. C'est extraordinaire, la défaite de son armée qui se dessine ainsi! Soldats camerounais qui se battent sans arrière motorisée, qui se battent donc comme des vulgaires miliciens. Pire: parce qu'il meurt plus de soldats dans le Noso que dans l'Extrême Nord, le front anti-Boko Haram est pas à pas vide, ouvrant une brèche unique à n'importe quelle attaque! C'est tout de même extraordinaire, ça!

Nous avons tous lu les communiques de gouverneur