C'était improbable et inimaginable mais c'est arrivé. Issa Hayatou a perdu l'élection à la présidence de la CAF, de SA Caf, est-on tenté de dire. Avec 20 voix contre 34 pour son challenger, M. Hayatou a perdu le scrutin et il lui faut libérer le fauteuil et le fauteuil de président de la CAF. Bienvenue à M. Ahmad, le nouveau président élu. C'est peu de dire qu'il incarne une somme d'attentes dont la synthèse se résumerait à cette simple formule: faire autrement les choses avec de nouveaux regards.
Qui l'eût cru? Au dépôt des candidatures, combien d'Africains y avait-il pour mettre une pièce sur la candidature du Malgache? Combien étions-nous à envisager une défaite du vieux président? Beaucoup avaient vu dans cette candidature une façon de se faire voir, quelque chose de fantaisiste, un ballon d'essai.
A juste titre. La vérité est que, avec toutes ces décennies passées à la tête de la CAF, Issa Hayatou a installé un système tel qu'aucune ouverture ne semblait à portée de vue. Dans ce système, M. Hayatou était un empereur qui régentait des hommes et des femmes dociles, soumis et serviles. Dans ce système, il n'y avait pas la place au débat ni à la contestation. Les volontés d'Alhadji ou de Papa étaient parole d'évangile, on les exécutait sans broncher. Dans vé système, les présidents de fédération' étaient des godillots qui devaient allégeance à l'empereur. Au risque de se voir déjantés par des crises internes interminables. Des exemples existent au Togo, au Benin, au Sénégal', etc.
Jacques Anouma a payé le prix fort par ses déboires qui l'ont contraint à sortir du circuit. Un Botswanais s'est retrouvé avec une sanction' de la FIFA parce qu'il 'e faisait plus allégeance au vieux. Il se dit même que des désignations d'arbitres se causaient exprès pour punir les présidents réfractaires via leurs équipes nationales. Trois ans en arrière, après que Anjorin Moucharaf a été chassé de la tête de la fédération béninoise de football, le bénin avait été sanctionné pour quatre ans pour tricherie sur l'âge des joueurs cadets. Des confrères de ce pays sont sûrs que cette décision avait été prise parce que M. Anjorin n'était plus aux affaires et que c'était une façon de taper sur les doigts de ceux qui l'avaient chassé.
Disons le donc: la gestion' Hayatou était devenue ridicule, le Camerounais s'étant fait l'ami des tyrans du continent, copiait leurs méthodes et pratiques viles. Il avait poussé loin le bouchon avec l'amendement d'Alger. Pour prétendre à la présidence de la CAF, il faut être membre du Comité exécutif. Méthode digne du président fondateur au Gondwana!
La victoire de M. Ahmad est une sanction sèche et directe de cette gouvernance dont tout le monde s'est lassé au fil des mandats. Les présidents de fédération ont savamment joué le jeu. Le candidat Ahmad était sûrement la face visible d'un iceberg mais tout le monde a savamment joué le jeu de sorte que, en lieu et place des discours et des déclarations tapageuses qui auraient éveillé l'attention du vieux président, l'isoloirseul a eu le dernier mot. C'est la fin d'un règne, vive 'a CAF, vive le foot africain.
Félicitations aux présidents de fédération qui, sans en donner l'air, ont secoué le cocotier et l'ont déraciné en deux temps trois mouvements.
C'est une révolution' silencieuse, comme on en souhaite un peu partout sur le continent.
Les latins l'avaient dit : "Ex africa semper aliquid novi", de l'Afrique sort toujours quelque chose de nouveau. La preuve vient d'en être faite, une fois encore. Chapeau bas, messieurs.