Opinions of Thursday, 5 October 2017

Auteur: Christian DJOKO

Crise Anglophone: Paul Biya passera et le Cameroun demeurera

L'unité sera notre force et la diversité notre richesse L'unité sera notre force et la diversité notre richesse

Être contre la sécession du Cameroun, ce n'est pas être en faveur de Paul Biya; se porter à la défense de l'unité territoriale, ce n'est pas souscrire à la rhétorique partisane du régime en place.

Il y a là un amalgame douteux, un sophisme insidieux qu'il faut absolument débusquer et surtout tenir en leste pour ne pas polluer le débat et la possibilité de parvenir à une solution heureuse pour tous.

De la même manière, parler des anglophones comme un bloc monolithique et homogène, revient à tronquer la réalité et à biaiser le débat. Ils sont nombreux à dénoncer l'attentisme, l'ostracisation, la gestion néopatrimoniale et ultrasécuritaire du régime Biya. Plusieurs ressortissants de la zone dite anglophone pourfendent la centralisation du pouvoir sans nécessairement prôner la sécession. Entre les deux extrêmes, plusieurs envisagent un tiers-exclu, une décentralisation effective voire une fédération.

En réalité, défendre l'unité nationale c'est même en un certain sens faire le procès du régime trentenaire qui est, de par sa gestion calamiteuse et ses réflexes autoritaires, responsable de l'effritement du sentiment national.

Toutefois, ayons cependant la lucidité de reconnaître que le Cameroun ne se résume pas à quelques individus, au demeurant simples mortels. Paul Biya passera et le Cameroun demeurera. Le Cameroun est plus grand que la somme de ses individus. D'ailleurs, il ne nous appartient pas. Nous l'héritons de nos ancêtres et nous l'empruntons à nos enfants. Autrement dit, il appartient à une vaste famille dont beaucoup de membres sont morts, dont quelques membres sont vivants et dont d’innombrables individus ne sont pas encore nés.