Opinions of Tuesday, 27 February 2018

Auteur: Laziz Nchare

Crise anglophone: la position ambigüe des pseudo-experts de la CRTV

Cessons de prêcher le messianisme aux Camerounais - Laziz Nchare Cessons de prêcher le messianisme aux Camerounais - Laziz Nchare

Chaque dimanche, la CRTV et ses satellites pro-Biya vous paradent des pseudo-experts en tout, vendeurs d’illusions de la démocratie avancée, qui se masturbent leurs propres cervelles sur des choses dont ils maîtrisent rarement la quintessence! Stratégistes, consultants, experts en droits, intellectuels populistes, bureaucrates, anciens ministres, leaders de partis politiques, les analystes de journaux et les pires de toute cette liste, les économistes!

Chacun y va de sa petite analyse du dimanche en prenant soin d’éviter la vérité. Pourtant, ce ne sont pas les vrais et sérieux experts qui manquent, traditionnellement dans un domaine précis et unique: criminologue, cardiologue, psychologue, anthropologue, ingénieur en génie civil, géographe, constitutionaliste et ceux qui connaissent leur domaine au-delà de leur expertise. C’est la logique du “macro-science” contre “micro-science”. Vous pouvez être un expert en constitutionalisme, mais quand vous vous autoproclamez expert dans la probabilité de qui va remplacer Paul Biya alors que personne ne cherche à se battre pour les conditions d’une élection transparente à deux tours, vous devenez automatiquement un expert en vente d’illusions politiques.

Observez ces paresseux se fourvoyer tous les dimanches de ce qui va se passer après Biya alors que le Cameroun est désormais rentré dans la phase d’une guerre brutale entre anglophones et francophones, me donne une envie de vomir. Il y a pourtant dans la vie publique des jeunes universitaires qui se sont lancés dans des mouvements dits “Afrocentristes”, “Panafricanistes”, “Khamites” et bien d’autres idéologies destinées à vendre la mythologie noire dans un discours angélique qui fait abstraction des razzias qui ravageaient le continent noir avant l’arrivée des occidentaux, orientaux et les Chinois. Sincèrement, c’est perdre son temps de continuer à croire que le développement du Continent Africain passe par le Renaissance africaine. Ceci parce que c’est de l’utopie. Il y a plusieurs Afriques dans la diversité culturelle et il devient absurde de se faire des illusions quant à sa supposée renaissance.

Pourtant, quand on parle de développement, on s’attend à un spectre de la révolution technologique, ou des infrastructures qui accompagnerait des avancées significatives sur le plan du développement humain sur le plan quantitatif et qualitatif. Mais combien de gens réalisent en 2018 que le véritable développement équilibré commence d’abord par l’éducation? Et de quelle éducation s’agit-il? L’éducation doit cesser d’être un privilège pour quelques-uns, appartenant à une classe de la famille de l’oligarchie régnante pour devenir un droit accordé à chaque citoyen!

Le problème du Cameroun se résume en trois points: (1) la crise de leadership, (2) la crise des institutions, et (3) la corruption dans la mauvaise gouvernance. Je ne crois plus au sérieux du peuple Camerounais qui se plaint chaque jour de la dictature de Biya sans lui imposer une révolution pacifique. On ne peut pas dire en même temps qu’on rêve du changement et s’opposer à tous les opposants capables d’incarner ce changement juste à cause du tribalisme d’État. On ne peut pas célébrer des ministres voleurs et lapider à mort dans la justice populaire un simple brigand qui a volé un pain dans une boutique du coin. On ne peut pas dire qu’il n’y a pas de francophones, ni d’anglophones mais rien que les Camerounais vivant en paix et se taire lorsque les militaires de Biya brûlent des villages anglophones en massacrant les populations civiles. Dans ce cirque, ne m’imposez pas l’État unitaire comme panacée et surtout ne m’invitez point au patriotisme à géométrie variable. L’indignation sélective est le propre des patriotes amnésiques. Le même sang qui coule dans les veines de Camerounais anglophones que l’on tue officiellement est le même que celui des soldats Camerounais qui sont assassinés par les séparatistes anglophones. Tout est mieux que l’État unitaire ou le sécessionnisme/séparatisme.

J’aime l’idée que ceux qui sont déjà riches et ont réussi dans leur vie prennent le leadership politique au Cameroun et non l’idée qu’un pauvre sans repère vienne au gouvernement pour devenir riche sur le dos des Camerounais comme c’est le cas de Biya et beaucoup de ses alliés. À quoi a servi un sénat qui a bouffé 100 milliards au cours des 5 ans?

Beaucoup pensent que le tribalisme est un frein pour le Cameroun. Je crois en réalité que le tribalisme ne pose aucun problème si on adopte le fédéralisme où chaque communauté réfléchit sur la nature de ses problèmes de manière à en trouver des solutions fiables et viables. L’aveuglement du régime en place dans la crise anglophone finira par imposer aux Camerounais une intervention de l’ONU et l’imposition des solutions exogènes qui ne profitent point aux Camerounais.

Il n’est pas très responsable de décrier la faiblesse de l’opposition après l’avoir abandonnée à son sort face au système répressif de Biya. Les Américains et les Français ont aussi eu des crises dans leur histoire. Mais personne n’est resté chez elle attendre un candidat parfait pour les sortir des ténèbres. Les livres d’histoire vous racontent les révolutions françaises et américaines. Ce sont des histoires extrêmement sanglantes. Personne n’a envoyé ces peuples dans les rues prendre les armes pour s’imposer un système que le monde applaudit aujourd’hui!

Il devient absurde de prétendre être experts en tout en tant que Camerounais pour débattre sur les révolutions ivoirienne, libyenne, tunisienne, égyptienne, zimbabwéenne, ghanéenne burkinabée, sud- africaine pour subitement nager dans les psittacismes lorsqu’il s’agit de la révolution anglophone qui est en train d’écrire ses lettres de noblesse face à la dictature féroce de Biya et ses fanatiques! Au départ, les Anglophones se sont sentis marginalisés, ils descendirent dans les rues de manière pacifique pour définir la nature de leur destin. Biya a envoyé l’armée réprimer ces manifestations pacifiques dans le sang. Les Anglophones ont décidé de continuer à tomber les mains nues. C’est donc la guerre civile qui se radicalise chaque jour!

Cessons de briller dans l’indignation sélective. En matière d’autodéfense, chaque peuple a le droit de se défendre avec les mains nues, les armes blanches ou les armes à feu. Je ne peux plus du nom d’un quelconque sentiment de patriotisme ou de nationalisme refuser à mes compatriotes de se défendre selon les moyens qui leur semblent appropriés. Je refuse juste dans ce contexte-là de rendre hommage ni aux soldats engagés dans une guerre civile où je n’ai jamais été consulté, ni encenser des compatriotes anglophones qui se battent pour survivre et rester en vie! J’ai longtemps milité pour le fédéralisme et prêchant le dialogue.

Nous sommes donc en guerre qui nous a été imposée par le régime Biya. Ceux qui rêvent aller aux élections présidentielles vivent dans les nuages, mais je n’ai pas envie de rappeler à ceux-là qu’on ne vote pas dans un pays en guerre. Croire le contraire de cette réalité, c’est vivre dans l’illusion et la désillusion. Le peuple Camerounais est lucide. Cessons de prêcher le messianisme aux Camerounais.