Une dizaine de militaires ont encore perdu la vie dans de fortes explosions de leurs véhicules au NOSO gonflant le nombre de victimes dans l'armée. Cette stratégie d'après Dieudonné Essomba n'arrangera point le régime qui a pourtant dit-il, les moyens pour stopper la guerre qui constitue son échec d'avance. Il réitère que le pouvoir de Yaoundé peut stopper de verser inutilement du sang au NOSO et propose une solution.
Si on en croit les images qui circulent dans les réseaux sociaux, un autre véhicule blindé aurait encore sauté sur une mine ce matin, entraînant la mort de 5 policiers, 3 gendarmes et 1 civil.
Ces événements surviennent au lendemain de violents troubles populaires à Bamenda, consécutifs à la mort d’une fillette suite à un tir d’un policier. Une sorte de répétition de ce qu’on a connu il y a à peine un mois à Buea…
Et alors que l’Etat mobilise d’importants moyens militaires, affirmant qu’il monte en force, on voit bien que la situation sur le terrain n’évolue guère ! Bien au contraire, le bain de sang continue, alimentant la haine, et rendant la réconciliation de plus en plus problématique.
Je ne sais pas s‘il faut que des anges viennent du ciel pour expliquer au Gouvernement qu’il n’existe aucune possibilité humaine pour que l’Etat unitaire contrôle la Sécession anglophone. Ce mouvement cumule en effet des caractéristiques qui rendent son traitement à l’intérieur de l’Etat unitaire totalement impossible :
1. La population de 20% que représente cette Communauté est beaucoup trop importante pour qu’on puisse la contenir sans des concessions politiques significatives
2. Les pulsions autonomistes s’appuient sur des faits pertinents et politiquement valables tel qu’un parcours colonial différent et une ancienne autonomie fédérale qui entretient une vive nostalgie d’une souveraineté perdue ;
3. L’idéologie séparatiste est entretenue par une Diaspora très active, déterminée et impossible à contrôler, qui utilise au maximum tous les canaux de communication pour rendre leur cause très visible et renforcer sa légitimité internationale et la détermination des combattants.
4. L’implication des ONG orientées vers la défense agressive, voire activiste des doits de l’Homme bride l’action de l’Etat
5. La Sécession anglophone bénéficie d’un positionnement géographique qui lui est favorable : le Nord-Ouest est une zone de montagnes escarpées et le Sud-Ouest une zone de forêts denses, toutes caractéristiques qui rendent très difficiles les opérations d’une armée régulière qui n’est pas soutenue par la population. A contrario, les Séparatistes qui sont des autochtones y évoluent comme du poisson dans l’eau et surtout, avec le soutien de la population. Outre cet avantage de terrain, ajoutons la localisation de la Zone elle-même, située à une frontière mal maîtrisée et surtout, infestée de mouvements séparatistes nigérians qui leur offrent des opportunités de collaboration.
Pour n’importe quel analyste sensé, la réduction des Séparatistes par des moyens militaires était un combat perdu d’avance, et c’était naturellement une grave erreur d’écouter les va-t-en-guerre de l’Etat westphalien dont la stratégie risque de nous conduire à l’impasse.
En tout état de cause, tous les Camerounais doivent comprendre et accepter comme vérité absolue qu’il est impossible de maintenir les Anglophones dans un Cameroun unitaire.
Il ne sert absolument à rien d'insister et à verser un sang parfaitement inutile. Seul l‘Etat Fédéral peut encore sauver l’unité du Cameroun, en raison de son attractivité et son mode d’organisation.
Il faut donc y aller vite, car nous perdons trop de temps. Et il arrivera bien un moment où même le fédéralisme ne sera plus la solution…