A une cinquantaine de jours du début de la XXIIe Coupe du monde au Qatar, le Cameroun est la seule sélection qualifiée à ne pas encore avoir présenté sa tunique pour la circonstance. A qui la faute ? A un violent conflit qui oppose actuellement devant les tribunaux français l’équipementier Le coq sportif à la FECAFOOT, depuis la résiliation unilatérale du contrat pour non-respect des obligations contractuelles.
Et au fur et à mesure que les jours passent, le conflit devient toujours plus violent. D’un côté LE COQ SPORTIF, de l’autre, ONE ALL SPORTS, avec pour têtes de gondoles deux icônes du Cameroun, Yannick NOAH et Samuel ETO’O. Deux camps se sont formés, et ça tire à balles réelles, dans une violence inouïe. Tout y passe ! Insultes, accusations d’antipatriotisme, soupçons de feymania, et même des coups sous la ceinture.
Comme le disait Georges Brassens dans « l’hécatombe », toutes les mégères sont en furie. Modestine TCHATCHOUANG YONZOU accuse Yannick NOAH de n’avoir jamais défendu les couleurs du Cameroun. Elle va même plus loin : « … Le colon comme au temps de l’esclavage utilise toujours les mêmes méthodes : ils ont besoin d’autres noirs pour aller attraper leurs frères.
C’est ce que nous observons en ce moment avec l’affaire du Coq vs FECAFOOT qui s’est allègrement transformée en une affaire Yannick Noah vs Samuel ETO’O ». Marlène EMVOUTUOU, ne pouvait pas rester longtemps loin de cette foire d’empoignes : « Pourchassées en Europe pour des raisons fiscales, nos deux icônes sont venues se cacher sur la terre de leurs ancêtres, pour mieux gérer leurs business respectifs. À la seule différence que Yannick Noah vit dans la maison qu’il a construite et Samuel Eto’o dort au Hilton hôtel. ».
Voilà comment une rupture de contrat pour « non-respect des obligations contractuelles » est devenue un conflit armé, avec de multiples tentacules. Tout le monde est sommé de se positionner. Il n’y a pas de zone grise. Soit on est dans un camp, soit on est dans celui d’en face. Il faut choisir entre Yannick NOAH et Samuel ETO’O, Coq sportif ou One All sports, la tribu Bassa ou Béti, la patrie ou la France…
On a complètement perdu la tête. J’aime Yannick Noah, et j’adore Samuel Eto’o. On avait un contrat avec Coq sportif qu’il faut respecter, mais si One All sports propose un contrat plus onéreux, pourquoi refuserait-on ? Toujours est-il que tout le monde est sommé de se positionner dans un conflit dont on ne connait aucun élément de fond. Personne n’a jamais vu ni le contrat avec Le Coq sportif, ni celui avec One All Sports.
Personne ne connait les obligations contractuelles, ni les clauses qui n’ont pas été respectées et qui justifieraient une résiliation unilatérale. Combien paiera One All Sports ? Serait-il prêt à payer la résiliation du contrat avec Coq, ainsi que les dommages-intérêts ? En affaires comme en affaires, qu’est-ce qu’on gagne, qu’est-ce qu’on perd ? N’aurait-il pas été plus sage d’accepter la conciliation ? A 50 jours de la coupe du monde, Le Coq sportif continue d’habiller les Lions. Est-ce réaliste de penser que dans un mois et demi, il en sera autrement ?
Au lieu de réfléchir sur toutes ces questions de fond, il faut choisir entre Yannick Noah et Samuel Eto’o, le Cameroun ou la France, Coq sportif ou One All Sports, le camp Bassa ou le Camp Béti, être soit pro, soit anti. Il faut redescendre sur terre. Les choses ne sont pas toujours soit blanches, soit noires. Entre Samuel Eto'o et Yannick Noah, on choisit les deux.
Dr Claude KANA
Historien du football