Réunis en séminaire à Batouri, les évêques tentent d’y voir plus clair et d’y apporter les réponses adéquates. « Autant on célèbre des mariages chaque samedi dans nos paroisses, c’est presque au même rythme que des tribunaux civils prononcent chaque semaine des divorces. Sont concernés, de nombreux chrétiens jeunes mariés ».
Le constat est de Mme Aïcha Kola. La chrétienne engagée présentait mardi, 12 janvier dernier un témoignage sur les difficultés du mariage. Celles-ci conduisent très souvent à la séparation des couples parce que beaucoup d’entre eux s’engagent dans le mariage sacramental sans en connaître les enjeux. Mais d’autres raisons peuvent expliquer cette situation.
Parmi lesquelles le déficit d’accompagnement des familles après la célébration de l’union, ce que l’archevêque de Bamenda, Mgr Cornelius Esua, appelle « le service après-vente du mariage ». Mais pour qu’il y ait accompagnement, il faudrait d’abord que le jeune ménage le désire. « Certains couples refusent de se faire accompagner. A Eséka, une dame en conflit avec son époux m’a demandé ce qu’un prêtre savait de la vie en couple quand j’ai voulu les concilier », regrette Mgr Dieudonné Bogmis, évêque du diocèse d’Eséka.
Pour Mgr Faustin Ambassa Ndjodo, évêque de Batouri, « les couples sont plus euphoriques lors de la célébration du mariage. Et c’est à peine s’ils prennent au sérieux la formation de trois mois avant le mariage quand ils n’ont pas la tête plongée dans les préparatifs de la fête. Hélas, on n’a pas les moyens de vérifier les aptitudes de ceux qui viennent solliciter la bénédiction de leur union par l’église ».
D’où l’interpellation de Mgr Christophe Zoa de revenir sur la richesse de la culture ancestrale africaine du mariage qui connaissait très peu de cas de divorces. Mgr Athanase Balla, évêque émérite de Bafia se rappelle alors qu’« autrefois, les Sixa étaient des noviciats au mariage. Bannis depuis lors, rien n’est venu remplacer cette institution de préparation ». Aïcha Kola suggère alors que « si le mariage est un sacrement au même titre que le sacerdoce, il faut un programme national de préparation avec au besoin un examen d’évaluation pour les candidats avant la fin de la formation ».
Mgr Antoine Talou, archevêque de Garoua de se souvenir alors du cas de « l’abbé Wounking de regrettée mémoire qui avait vu un jeune homme abandonner le mariage après un mois et demi de formation. Il avait dit au prêtre que si c’était ça le mariage, alors il ne pouvait plus épouser celle qui était alors sa fiancée ». Vaste sujet donc. D’ici à samedi prochain, les prélats auront certainement trouvé la parade pour sauver l’institution qui est le mariage. Mais entre-temps, les curés peuvent continuer à célébrer les unions et les juges prononcer les divorces.