Réligion of Wednesday, 21 March 2018

Source: camer.be

Des fidèles de Dieunedort Kamdem perdent déjà la foi

Le pasteur Dieunedort Kamdem Le pasteur Dieunedort Kamdem

Depuis l’avis de recherche lancé par la Division régionale de la police judiciaire du Centre contre leur prophète et guide le 1er mars 2018 doublé de son exil Canada, l’autoproclamé « Général de Dieu » perd progressivement ses fidèles.

Lundi 12 mars 2018. Il est 17h. Dans une des églises de la « Cathédrale de la foi » située en plein coeur du quartier Elig-Essono, précisément en face de la station Mobil, l’affluence des grands jours a disparu. La centaine de sièges disposés de part et d’autre du long couloir qui conduit à l’autel luxueusement paré, attend toujours d’être occupée. Pour cause, plusieurs « fidèles » sont partis de l’église et ont laissé la place à une minorité qui se bat comme elle peut pour continuer la traditionnelle prière de bénédiction dédiée à leur « prophète ».

En l’absence de Kamdem Dieunedort, c’est un jeune homme, la trentaine sonnée qui tient les rênes des prédications le dimanche et des consultations de prière qui se font au courant de la semaine. Ce lieu qui est souvent noir de monde en semaine comme le week-end, ne ressemble plus qu’à une zone semi-désertique fréquentée dorénavant par quelques. Les chants et les cris des ouailles qui perçaient le ciel à pareille heure, ne sont plus d’actualité.

Idem pour les veillées nocturnes et les prêches incendiaires avec la sonorisation la plus performante, accompagnés d'une musique diffusée par des haut-parleurs dont certains sont orientés vers l'extérieur de l'église. Il en est ainsi depuis plus de deux semaines, renseigne-t-on ici. Toutes ces images ne sont plus qu’un souvenir ; du moins depuis que Dieunedort Kamdem est activement recherché par la Police. Selon des informations recueillies dans le voisinage, l’auto proclamé « Général de Dieu », envoie de fortes sommes d’argent du Canada où il se trouve actuellement, à ses ouailles fidèles afin qu’elles continuent à officier pour la survie de son église. Cependant, sur sa page Facebook, pendant que certains le soutiennent inconditionnellement, d’autres par contre le vouent aux gémonies.

Pasteur vedette

Ce n’est plus un secret pour personne. Depuis le 1er mars dernier, le chef de la Division de la Police judiciaire du Centre (Cdpjc), a lancé un avis de recherche contre Kamdem Dieunedort pour « escroquerie en coaction » au préjudice du collectif des investisseurs de « Gesem group Cameroon ». En effet, les faits remontent au 30 mai 2017, la commission des marchés financiers avait épinglé Kamdem pour « collecte illégale de fonds ». Le pasteur avait initié au sein de son église une vaste campagne de fonds à travers son entreprise « Gerem forex trading », filiale de « Gesem group », basée en Côte d’Ivoire. Il promettait alors à ses ouailles de multiplier, voire de tripler leurs investissements.

Le principe est simple ; selon lui, « vous pouvez par exemple investir 1.000.000 Fcfa et recevoir à la fin de chaque mois 250.000 Fcfa dans votre compte bancaire ». Malheureusement pour eux, ils ne perçoivent aucun dividende, même leur investissement initial sera tout simplement englouti dans les méandres de cette opération frauduleuse. Coincé de toutes parts et incapable d’affronter ses investisseurs, Dieunedort Kamdem s’enfuit discrètement pour le Canada, comme nous l’apprendra un article de presse du «Journal de Montréal » publié en novembre 2017. « Un pasteur vedette de l’évangélisme camerounais a trouvé refuge au Québec pour échapper au scandale financier dans lequel il est impliqué en Afrique », pouvait-on lire dans l’article.

Kamdem dément ces accusations

Traqué, acculé de toutes parts et sentant son monde et son business s’écrouler tel un château de cartes, le mis en cause tente de démentir les accusations qui pèsent sur lui. Dans une vidéo publiée sur Facebook, il déclare qu’il « s’agissait ni plus ni moins que d’une forme de loterie, ça pouvait marcher, comme ça pouvait échouer ». Néanmoins, il reconnait avoir déposé une plainte auprès de la police économique ivoirienne contre les Kouadio Koffi Kouakou Nathan et Divinisegie Davy, responsables de la structure « Gesem group » pour escroquerie portant sur la somme de 208.000.000 F cfa. Si les démentis de Kamdem sont fondés, pourquoi ne vient-il pas répondre de ses actes ici au pays ? Question à deux sous.