Réligion of Monday, 15 May 2017

Source: camer.be

EEC: les défis qui attendent Hendje Toya

Hendje Toya a été officiellement installé le 10 mai 2017 à DoualaHendje Toya a été officiellement installé le 10 mai 2017 à Douala

Des cercles ésotériques et d’autres barons du Cameroun tentent d’inféoder l’église. Elle résiste malgré tout! Mais pour combien de temps encore? L’église a naïvement accepté le laisser-aller. Aujourd’hui, victime de ses propres turpitudes, elle est plus que jamais seule face à son destin.

« Rien ne sera plus comme avant ». C’est en ces termes empreints d’engagements qu’un responsable de l’EEC fustige le comportement de ses confrères. Et continue, « nous avons longtemps ménagé la chèvre et le choux. L’autonomie de l’église doit radicalement se faire valoir». Les cas du nouvel président général élu à Ngaoundéré contre les chefs traditionnels Sawa et du Pasteur Tenefopa Mathieu contre le groupe traditionnel Nyang-nyang à Ndiangdam ont certainement ouverts la boîte de pandore.

Le Rév. Pasteur Hendje Toya Jean Samuel est le désormais président de l’EEC. Cela ne fait plus l’ombre d’aucune contestation. Il a été officiellement installé le 10 mai 2017 lors du conseil synodal général extraordinaire tenu à Douala. Au terme du conclave, plusieurs conclusions ont été formulées. Les plus saillantes étant: « l’EEC est l’église de Jésus-Christ » ou encore en « l’EEC condamne toutes tentatives de divisions, de clanisme, de chantage et de prise en otage des communautés paroissiales ».

Dans son discours de circonstance, Hendje Toya projette travailler en synergie avec Priso Moungole Richard, le président général pressenti par les monarques Sawa, tombeur de Hendje à Ngaoundéré. Situation qui a sanctionné des débats auxquels l’église a été assujettie pendant le règne de Batomen Henga, qualifié « règne du laisser-aller » qui n’a que trop duré.

Comment l’église gère-t-elle le cas Ténefopa? « Il n’a commis aucune faute pastorale. Son salaire passe, bien qu’il soit sans paroisse. Il reste au presbytère de Ndiangdam. D’ici au mois de juillet, il sera redéployé ailleurs », nous a renseigné le Rév. Pasteur Marie Victor Tiozang, président de la région synodale de la Mifi. Selon les fidèles de la paroisse de Ndiangdam rencontrés, le plus grand mal du Rév. Ténefopa c’est d’être coupé de la prédication. « C’est quelqu’un qui a révolutionné l’église partout où il est passé »

En héros

Le Rév. Tenefopa Mathieu n’est pas responsable de l’église au niveau national, encore moins au niveau régional. Il n’était que pasteur de la paroisse EEC de Bafoussam-Ndiangdam. « C’est notre incompris héros ! Il a frappé un grand coup. Il marche la tête haute. Il a été humilié, vilipendé, mais garde sa foi et Dieu comme l’unique maitre qu’il sert. Parce qu’il a su mettre le pied dans la fourmilière, il est réduit au silence ». Voilà autant d’éloges et de clichés crachouillés pour décrire l’exploit du berger. Curieusement, il a été débarqué de son fauteuil pastoral à Ndiangdam. Son crime étant d’avoir appliqué scrupuleusement les règles établies par le sommet de l’église dans l’élection des anciens. Notamment en écartant les adeptes du Nyang-nyang, qui entendaient de ne pas s’y désolidariser malgré les restrictions mentionnées dans la circulaire signée de l’ex président générale de l’église, qui précisaient les règles du jeu : entre autres ne pas faire partir d’une quelconque organisation traditionnelle et postuler à la candidature à un poste d’ancien d’église. Comme le pasteur mis en cause, des fidèles pensent que le Nyang-nyang est une pratique traditionnelle qui banalise et déshumanise. « Nous sommes étonnés que ceux écartés hier, soient admis au sein du conseil d’ancien alors qu’ils sont restés dans le Nyang-nyang », regrette un ancien de la paroisse de Ndiangdam.

Dieu ou les dieux ?

Qui remportera la bataille? La question taraude plus d’un esprit. Au sein de l’église, la gloire de Dieu semble se diluer dans celle des demi-dieux. Aujourd’hui, ce sont les peuples du Ngondo qui veulent mettre l’église aux ordres, hier c’était le peuple Fussep avec le Nyang-nyang. Hier, aujourd’hui et demain, ce sont des riches, fidèles par effraction qui orientent les débats, considèrent l’église comme leur sanctuaire de blanchiment d’argent pour certains ou e trafic d’influence pour d’autres. Dans nombre de régions synodales, la main basse des dieux est légion.

La situation est aussi troublante que préoccupante. L’EEC est au bord de l’implosion. La rupture avec des cercles ésotériques traditionnels et modernes devient une équation à plusieurs inconnues. Elles ont pénétré l’église et entendent dicter leurs lois. Les responsables de l’EEC sentant le danger arriver en grandes enjambées, confessent qu’ils maitrisent la situation. Des observateurs avertis pensent que « l’église ne fait rien pour résoudre le problème, mais se complait dans est une espèce de fuite en avant ».

Du schisme

Après le conseil synodal général extraordinaire du 10 mai 2017 à Douala, des lendemains radieux se précisent hypocritement. Dans les coulisses, « une communication des Sawa publiée dans les réseaux sociaux », indiquent qu’un audit interne accable Batomen Henga. Et qu’aux dernières nouvelles, « le passeport du président sorti de l’EEC a été retiré par les autorités camerounaises quand il tentait de voyager pour l’occident ». Info ou intox ? De toutes les façons, Batomen Henga est sur le grill. Heureusement que d’autres sources anonymes indiquent qu’il bénéficiera de la largesse du nouveau élu, du fait d’un arrangement entre les deux hommes du genre « si tu me soutiens à l’élection, je ferme les yeux sur ta gestion opaque », ironise un responsable de paroisse.

Voilà les défis et les enjeux qui attendent Jean Samuel Toya Hendje. Va-t-il s’en passer de son vocabulaire habituellement complexe et résoudre les problèmes terre-à-terre qui cristallisent l’égliseA? Une chose est certaine, des projecteurs sont braqués vers l’EEC!