Mine peu rayonnante et la voix cassée, Ngarba Babaguinda sort de la Mosquée centrale de Yaoundé au quartier Briqueterie, ce samedi à Yaoundé. Agent immobilier, l’homme a mis son job de côté durant ses derniers jours de Ramadan pour se consacrer à Allah. Prières, méditations sont désormais son menu quotidien. « Nous avons entamé des prières nocturnes du laylet-ul-kadr ou la nuit du destin, depuis le 20e jour de Ramadan. Allah peut décider de positiver le destin au cours de cette nuit et un acte d'adoration qui y a lieu est meilleur que mille mois », explique-t-il, esquissant un léger sourire.
Et pour voir son destin transformer par le Tout-puissant, il affirme être d’attaque même si le physique le trahit. « Je ne suis pas fatigué. Je suis capable d’aller jusqu’au bout, même si la fête c’est mercredi. Nous avons commencé le jeûne 6 juin dernier et il devrait normalement finir entre lundi ou mardi. C’est à la vue de la lune que nous arrêterons », soutient-il. A l’en croire, le Ramadan fait partie des cinq piliers de l’islam. Un musulman doit faire les cinq prières quotidiennes, jeûner, faire l’aumône et si possible aller en pèlerinage à la Mecque. Le jeûne est donc pour lui un devoir mais surtout une raison d’exister.
A côté des prières, c’est la quête de l'aumône de purification du jeûne qui occupe plusieurs fidèles en ces derniers jours de Ramadan. « Cette aumône constituée de l'aliment de base de la communauté comme le riz ou le maïs, est offerte aux fidèles démunis afin qu'ils puissent eux aussi, avoir de quoi manger le jour de la fête. On l'offre un ou deux jours avant la fête ou même le jour-J, avant de se rendre au lieu de prière», éclaire Bouba, un fidèle musulman.
Au-delà de ces aspects, la bouffe préoccupe également. Dans les marchés, des femmes font des emplettes. Viandes, poissons, riz sont achetés en grande quantité. « Comme je sais que la fête aura lieu entre mardi et mercredi, j’ai préféré faire les courses ce samedi pour ne pas être bousculée dimanche ou lundi », relate Maïmouna E., femme au foyer. Les ateliers de couture tournent à plein régime pour ne pas décevoir ceux qui veulent être sur leur 31. Chacun semble tirer la couverture de son côté pour une belle fête le moment venu.