Au Togo, un prêtre du clergé de Lomé exerce son ministère parmi les militaires depuis onze ans. La Croix Africa a rencontré le père Joseph Dzokpey, premier aumônier militaire catholique national du Togo.
Prêtre du diocèse de Lomé, le père Joseph Dzokpey est le premier aumônier catholique des Forces armées togolaises (FAT). À sa nomination en 2006 par Mgr Philippe Kpodzro, archevêque de Lomé à l’époque, il était recteur du petit séminaire Saint-Pie X d’Agoè-Nyivé, un quartier de la capitale togolaise. « À l’annonce de cette nouvelle, c’était l’étonnement et la peur qui m’ont envahi et j’ai passé cinq nuits sans sommeil », se souvient-il.
Aujourd’hui, dans sa douzième année de service, le prêtre togolais a gagné en sérénité. En effet, après une formation et quelques conseils pratiques, l’aumônier militaire, comme une nouvelle recrue de l’armée, a embrassé sa mission et fondé de nombreuses communautés dans presque tous les régiments du pays où il organise des célébrations.
Dans la peau d’un militaire
En douze ans de service à l’aumônerie, le père Dzokpey a vécu plusieurs expériences. « Il s’est mis dans la peau du militaire pour mieux le comprendre et mieux le servir », estime le colonel Mathias Manzi, militaire à la retraite.
« L’expérience qui m’a le plus marqué, c’est ma participation à la Minusma [Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali, NDLR] à partir de 2013, confie le père Dzokpey. Et c’est là que j’ai vraiment goûté le cœur de mon ministère, en tant qu’aumônier militaire. » Selon lui, en plus de la « rupture climatique », les conditions de logement et de travail étaient extrêmement difficiles. « Ce n’était pas facile, mais comme je suis aussi militaire, j’ai vécu parmi eux et c’était exaltant », raconte encore l’aumônier qui rentre tout juste de sa deuxième mission au Mali.
L’homme a vécu des moments pénibles avec son bataillon au Mali, notamment lorsqu’ils ont été victimes d’accidents et d’attaques ayant occasionné des blessés et des décès. « Nous avons sauté sur des mines et avons été victimes d’attaques par deux fois à Douentza, à 800 km au nord-est de Bamako », raconte-t-il. L’aumônier togolais était au service de bataillons de différents pays qui passaient à Dountza, chef-lieu de la région de Mopti et carrefour menant à Gao et Tombouctou. « Les demandes des bataillons étaient nombreuses et je servais avec une grande joie, sans distinction de religion », explique ce prêtre dont l’habillement passe de la soutane au treillis militaire.
Témoignages
« Le père Dzokpey est un prêtre humble au contact très facile, accessible à tous », témoigne le colonel Samson Yoma en fonction à l’État-major de l’armée de l’air à Lomé. Le 12 mai 2012, l’aumônier a célébré le mariage de cet officier supérieur et son épouse Joséphine, à l’église Marie-Theotokos d’Agoè-Nyivé. C’est également lui qui a célébré la confirmation de trois de leurs enfants à Pâques 2016. Comme ce couple, plusieurs familles bénéficient de ses services?: eucharistie, catéchèse, formation, causeries, débats, sacrements, pèlerinages militaires.
« Il est coopératif et humain, il rassure et donne de bons conseils », ajoute Yoma. « Il est mon guide spirituel et accompagne les militaires avec une grande disponibilité », précise le colonel Manzi. Jeanne Chantal Manzi, son épouse renchérit?: « Beaucoup de familles militaires ont été sauvées par cet aumônier, un apôtre qui approche tout le monde, sans distinction de rang social ».