Le recueillement en communion. Telle semble être la principale raison d’être de la prière œcuménique qui s’est tenue hier au palais polyvalent des Sports de Yaoundé en la mémoire des fidèles camerounais décédés récemment à Mina en Arabie saoudite lors du pèlerinage à la Mecque.

Les circonstances de cette tragédie survenue alors que les victimes accomplissaient l’un des cinq piliers de l’Islam, commandaient, en effet, qu’un moment soit réservé pour la méditation et l’action de grâce pour le repos des âmes de tous nos concitoyens qui ont perdu la vie lors de la manifestation la plus hautement symbolique de leur piété.

Au-delà de sa dimension spirituelle, le culte inter-religieux d’hier organisé sous l’égide du Comité National du Hadj, témoigne de la compassion des pouvoirs publics et de la nation toute entière face à un malheur qui nous concerne tous.

La preuve est ainsi donnée que tout citoyen qui perd la vie dans des conditions peu ordinaires est un sujet de préoccupation nationale, indépendamment de ses origines ou de ses convictions religieuses. Il n’est donc pas étonnant que depuis l’annonce du décès de certains Camerounais sur les lieux saints de l’Islam, c’est le pays tout entier qui s’est senti atteint dans sa chair et porte le deuil.

De par sa nature même, la prière œcuménique est une occasion unique de rassemblement des célébrants appartenant à diverses confessions religieuses autour des nobles idéaux tels que la paix, la stabilité, la réconciliation des cœurs, l’hommage aux morts, l’action de grâce, etc. Loin d’être un fait isolé, le service interreligieux d’hier vient à la suite d’autres gestes d’assistance et de compassion initiés au plus haut niveau.

On se rappelle que peu après le drame, le président de la République avait instruit le déblocage d’une aide spéciale en faveur des blessés et des familles des victimes, tout en leur réitérant ses condoléances, ainsi que celles de la Nation. Par ailleurs, une minute de silence a été observée lors du récent conseil ministériel en mémoire des victimes. Dans le même élan, un émissaire du chef de l’Etat (le secrétaire d’Etat à la Santé publique) a été dépêché en Arabie saoudite pour réconforter les pèlerins camerounais marqués par le drame.

Sur place, le message personnel de réconfort et d’encouragement du chef de l’Etat a été ainsi transmis à tous les pèlerins rescapés, avec la promesse « de prendre toutes les mesures nécessaires pour la prise en charge des victimes ». Et comment oublier la journée de deuil national observée vendredi dernier sur toute l’étendue du territoire national ?

Les rescapés de la communauté camerounaise du Hadj 2015 n’ont pas manqué d’exprimer leur soulagement et leur reconnaissance de regagner sains et saufs la terre natale grâce au pont aérien établi par la compagnie aérienne nationale entre La Mecque et Yaoundé- Garoua- Douala. Après une précédente cérémonie de recueillement qui s’est tenue à la Mecque, le culte de Yaoundé vient, pour ainsi dire, couronner une série d’actions en solidarité avec les victimes principales ou collatérales.

Parce qu’elle regroupe des célébrants appartenant à plusieurs confessions religieuses, la prière œcuménique constitue en elle-même un symbole d’unité dans la diversité, de ferveur dans la tolérance et de recherche de la paix. Elle n’est pas de trop dans le contexte qui est le nôtre.