La réforme du Notre Père concerne-t-elle le continent africain ? Si oui, à quand son entrée en vigueur ? Ces questions s’imposent aux chrétiens catholiques camerounais et africains depuis l’annonce de la mise en application de la réforme de 2013 en France.
À une semaine du premier dimanche de l’Avant, choisi pas l’épiscopat de France, la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) ne s’est toujours pas exprimée sur la question.
Le dimanche 03 décembre, l’Église entre dans la période de l’Avant, pour préparer l’avènement du Christ, Jésus, dans la célébration de la nativité à Noël.
C’est aussi le début d’une nouvelle année liturgique (année « pair »). Ce moment sera marqué par un événement particulier pour la liturgie de langue française, tout au moins pour les croyants de France.
Il s’agit de l’entrée en vigueur de la version réformée du Notre Père. Depuis quelques jours, l’événement est abondamment relayée par les réseaux sociaux. L’annonce est machinalement partagé par les chrétiens d’expression française.
Des africains qui, pour la plus part, ne savent toujours pas quelle version du Notre Père ils récitèront à la messe du 03 décembre. Jusqu’ici, seul l’épiscopat ivoirien a officiellement acté, le 05 octobre dernier, l’entrée en vigueur de la réforme dans ce pays à la même date que la France.
La réforme a été voulue par l’Association Épiscopale Liturgique pour les Pays Francophones (AELF) qui est l’institution chargée par l’Église catholique de gérer les droits de traduction et de reproduction des documents liturgiques en langue française.
Elle a été approuvée par le Vatican en 2013, ne concerne donc pas que la France. Elle s’impose à tous les catholiques qui célèbrent et prient en français.
Il n’y a pas de raison de ne pas se presser
Si c’est la Conférence des Évêques de France qui a du annoncer la nouvelle et non l’AELF elle-même, cela peut laisser supposer que la réforme est à l’appréciation de chaque entité ecclésiale.
Même dans cette hypothese, assez hypothétique, il n’y pas de raison que l’Église du Cameroun ne se presse pas de l’appliquer. La nouvelle version étant plus en harmonie avec les versions de cette prière en langues nationales.
Le même argument vaut pour la seconde hypothese. Plus plausible, elle laisserait à penser qu’il appartient à chaque Église particulière, donc à chaque Conférence Épiscopale Nationale, de mener, selon son timing, sa mise en application.
Ebugnti a contacté l’Association Épiscopale Liturgie pour les Pays Francophones. Nous mettrons à votre disposition les éléments de compréhension dès que disponibles.
Et même si les évêques du Cameroun ou d’ailluers se trouvaient dans l’obligation de l’ajourner, le dire aux fidèles eviterait le fait accompli.
Un modèle d’Église en communication événementielle
L’épiscopat de France a, dans ce sens, pris le temps de préparer ses fidèles. L’annonce de cette entrée en vigueur a été faite au mois de mars. Elle avait alors déjà été au cœur d’une abondante communication.
Ces dernières semaines, les clercs et spécialistes français des questions doctrinales chrétiennes catholiques ont de nouveau pris d’assaut les médias pour expliquer le bien fondé de cette réforme, ainsi marquer les esprits et positionner la date du 03 décembre 2017 comme un véritable événement de ecclésial.
Une réforme de 2013
Dans la nouvelle version de la Bible liturgique, validée par le Saint-Siège en 2013, la sixième demande du Notre Père, « ne nous soumets pas à la tentation » a été remplacée par « ne nous laisse pas entrer en tentation ».
Cette réforme, qui n’en pas une pour la liturgie en langue africaines qui disent la version nouvelle depuis toujours, a été motivée par le caractère jugé « insidieux »de l’ancien texte.
Pour les théologiens, il laissait entendre que Dieu serait à l’origine des tentations, auxquelles il soumettrait les hommes. Alors même que l’idée originaire et naturelle voudrait qu’il soit un bouclier contre les tentations auxquels l’homme est exposé de par sa nature pécheresse.