Réligion of Sunday, 17 December 2017

Source: ebugnti.wordpress.com

Tribalisme et de xénophobie autour du sort de Mgr Tonyé Bakot

Monseigneur Simon Victor TONYÈ BAKOT Monseigneur Simon Victor TONYÈ BAKOT

Un article, en circulation sur les réseaux sociaux, revient, à décharge, sur les problèmes de gouvernance de L’Archidiocèse de Yaoundé, du temps où Monseigneur Simon Victor TONYÈ BAKOT en était l’archevêque. Non sans raviver le débat sur une question douloureuse que l’Église particulière de Yaoundé tente de dépasser. Décryptage …

Jean François CHANNON, journaliste au quotidien Le Messager (c’est à lui qu’est attribué le texte), a eu l’idée géniale de laver de tout soupçon Monseigneur Simon Victor TONYÈ BAKOT, dans les causes qui ont présumement mené à sa renonciation. Il tente de démontrer, comme le dit son titre, que l’ancien archevêque de Yaoundé « aurait été victime d’une cabale ».

L’article part du postulat que, « lorsque Mgr TONYÈ BAKOT arrive à la tête de L’Archidiocèse de Yaoundé en 2003, il trouve une Église endettée à environ 4 milliards 800 millions FCFA ».

Il convoque ainsi un abbé Y.M. Derrière ces initiales se cacherait un prêtre « proche de Mgr BAKOT ». Lequel prend à témoin, en plus de Monseigneur Jean ZOA, outre tombe, Chanda Tomne, les abbés Jean Marie BODO, Barthélemy NAMA, Matthias ETOUNDI, entre autres.

Tous, des personnes impliqués à divers niveaux dans les principales affaires abordées. Outre la dette, il traite des hypothèques et ventes des propriétés domaniales, le trading pétrolier, ou encore les clochers de la Cathédrale Notre Dame des Victoires de Yaoundé.

Retenons, pour l’essentiel, que l’abbé Y.M. est formel : à défaut de démontrer que rien d’anormal n’a été commis, il arrive inéluctablement à la même conclusion que l’ancien ordinaire n’y était absolument pour rien.

De quoi ravir l’opinion favorable à l’ancien archevêque de Yaoundé. Et les réactions sont vives, qui crient à l’injustice et pointent du doigt les bourreaux tribalistes du prélat.

Nous nous refusons de relayer ici les commentaires tribalistes et xénophobes qui visent le peuple Béti et plus particulièrement celui de Yaoundé. Sans jamais se donner ne serait-ce que la peine de citer la curie diocésaine.

Des « faits totalement vérifiées », « un homme intègre », « un intellectuel esprit de Dieu intouchable », et davantage encore pour dire de quelle injuste a été victime Monseigneur Simon Victor TONYÈ BAKOT.

À ces commentaires béatifiants, se confronte de manière radicale une opinion qui jette absolument l’anathème sur le prélat. Pour elle, il s’agit d’une opération de communication mal ficelée, voir grossière.

Elle rappelle ainsi volontier les nombreux sujets à charge que l’abbé Y.M. ou son interviewer ont choisis de ne pas citer. Des scandales public et judiciaires liés à la gestion des hommes et des biens qui ont précipité la chute de l’archevêque.

Des condamnations dans les affaires du Crédit Foncier ou encore des marchés publics qui ont impliqué l’archevêque et d’où l’Eglise ne s’en est sortie que grâce à ses atouts institutionnels.

D’autres remontent encore plus loin, à L’Archidiocèse de Douala, et les évènements de 1987, au diocèse d’Edéa, pour récriminer contre VTB. Entre tribalisme et autres caricatures, voilà la plaie de la renonciation de Monseigneur Simon Victor TONYÈ BAKOT complètement rouverte.

Une initiative malheureuse

Texte nouveau ou ancien, rien n’est moins sûr et ça ne semble d’ailleurs pas l’intérêt. Pas plus que la question de la dette de L’Archidiocèse de Yaoundé n’a été, en elle-même, cause des soucis de Monseigneur BAKOT.
Si ce n’est dans le sens d’un impératif sérieux, s’il en a été, de gouvernance pour un prélat qui avait un ambitieux projet économique pour son Église.

D’ailleurs, ceux qui ont suivi l’actualité de L’Archidiocèse à cette époque savent très bien que Monseigneur BAKOT n’en avait pas fait mystère.

Ce fut même le principal argument de la modernisation de la gouvernance et le lancement de la réforme par une campagne exceptionnelle de collecte du denier du culte.

L’explication n’est pas non plus un secret, qui serait la construction du Sanctuaire Marial de Mvolyé. Elle avait abondamment été donnée dans une conférence de presse tenue au Centre Jean XXIII de Mvolyé.

Bien qu’elle était déjà très contestée à l’époque, elle a fait l’objet d’une retentissante campagne de communication à travers la presse nationale et les supports propres de l’Eglise de Yaoundé.

Ceux qui ont de la mémoire et surtout des sources pourront ressortir des tiroirs, pas tout à fait poussiéreux encore, une bonne dizaine de faits d’une gravité managériale certaine pour répliquer.

Quel intérêt?

Cet article a le mérite de citer des acteurs encore vivants qui pourront donc apporter leur éclairage sur la question. Mais on peut reprocher à son auteur de ne les avoir pas approché pour s’en enquérir.
Et c’est extrêmement grave. La déferlante tribaliste et xénophobes, que l’on a pu lire sur les réseaux sociaux et qui a poussé l’auteur de la publication à désactiver les commentaires, témoigne du mal qui a été fait.

Se pose alors la question de la nécessité, de son objectif, sans doute aussi de l’objectivité. Ceux qui connaissent la question de la gestion de L’Archidiocèse de Yaoundé par Monseigneur BAKOT savent, pour peu qu’ils veuillent être honnêtes, qu’à remuer on lui fera toujours plus de mal que de bien.

Cet article a les allures « d’une commande », comme sait le faire la presse Camerounaise, qui ne s’est pas entouré du minimum éthique syndical pour paraître sérieux et équitable.

Il ne peut donc que raviver le souvenir d’un épisode de la vie de notre Eglise qui grandit encore moins l’individu que l’institution. En enfonçant des portes ouvertes et en œuvrant dans le populisme, il oriente vers le clivage là où des éléments de convergence ne manquent pas.

Monseigneur BAKOT ce n’est pas seulement cela

Canoniquement, l’évêque a trois missions : gouverner, enseigner et sanctifier. Si la gouvernance de Monseigneur Simon Victor TONYÈ BAKOT a été remise en cause et le constat ne date pas de Yaoundé, l’ancien archevêque a été de qualité dans l’enseignement et la sanctification.

Son projet économique était déjà, en soi, la preuve d’une vision et d’une dynamique de quête de la prospérité et de l’autonomisation financière. Ce qui est l’un des grands enjeux du développement de l’Eglise d’Afrique.

La qualité et l’actualité de ses homélies ne souffraient d’aucune contestation, qu’elle soit intellectuelle ou doctrinale. Sa présence pastorale et apostolique aura été inédite.

Il aura demandé à être secondé par un auxiliaire. C’est aussi là un fait rarissime au Cameroun pour ne pas être signalé. Deux de Vicaires généraux (Mgr Joseph BEFFE ATEBA, de regrettée mémoire, et Mgr Jean MBARGA) et son Chancelier (Mgr Christophe ZOA) ont été appelés à l’épiscopat.

Son courage prophétique est, à ce jour, inégalé. Surtout sur la question des vices sociaux et sociétaux, notamment celle de l’homosexualité.

Aucun évêque avant lui n’avait osé s’élever contre la pratique. Personne ne l’a fait depuis. Il fait même figure d’exception en Afrique et de parmi l’infime minorité dans le monde.

C’est grâce à lui et sous lui que le Sanctuaire Marial de Mvolyé est devenu Basilique. Elle est dotée d’une porte Sainte de Bénédictions et des Grâces pour le bénéfice et la sanctification des âmes.

C’est grâce à lui que Nsimalen a reçu l’onction ecclésiastique et peut aujourd’hui devenir le haut lieu de la chrétienté catholique au Cameroun qu’il est.

L’immense projet de construction d’un sanctuaire va y couronner cette lumière pastorale et prophétique. Là où ses deux illustres prédécesseurs sont restés dubitatifs, voir réfractaires.

Chaque chose se définissant par ce qu’elle a de meilleur, il faut donc arrêter de définir Monseigneur Simon Victor TONYÈ BAKOT par ce qu’il peut avoir eu de mauvais, de pire.

Ceux qui se déploient pour sa cause devraient se saisir de ces quelques éléments, et il y en a d’autres, pour redire la vitalité de sa participation à la grandeur de notre Eglise. Au lieu de vaines justifications qui ne font que nourrir la haine et la polémique.