Si on en sait un peu plus sur les conditions de l'arrestation de l'auteur camerounais dont on était sans nouvelle mercredi, les appels se multiplient pour sa libération alors que Patrice Nganang est poursuivi pour : outrage au chef de l'État, menaces de mort, immigration clandestine ainsi que faux et usage de faux. Il sera entendu ce lundi 11 décembre 2017 par le procureur.
Appels à la libération immédiate
Ce vendredi, le Réseau des défenseurs des droits humains en Africain centrale (Rédhac) et Tribunal Article 53, une association locale de défense des droits humains, ont, dans un communiqué dénoncé « l'enlèvement, l'arrestation et la détention arbitraire" de Patrice Nganang, demandant aux autorités de le « libérer sans condition et à l'immédiat ».
Yaoundé reprocherait à l'auteur de « Temps de chien » et prix Marguerite-Yourcenar d'avoir tenu, sur son compte Facebook, des propos outrageux à l'encontre du président Paul Biya. C'est ce qu'a affirmé dans une déclaration à la presse, le porte-parole du gouvernement Issa Tchiroma dont l'interpellation « est survenue à la suite d'une promesse de mort sur la personne du chef de l'État, proférée par l'intéressé à travers un message posté sur sa page Facebook, le 3 décembre 2017 à 19 heures 27 minutes » a accusé le ministre Tchiroma.
Patrice Nganang revenait de la zone anglophone du Cameroun et avait publié, le Mardi 05 décembre 2017, sur le site internet de l'hebdomadaire Jeune Afrique, un « carnet de route en zone (dite) anglophone », très critique envers le président camerounais Paul Biya pour sa gestion de la crise et la répression dans les zones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest Cameroun. L'auteur qui enseigne la littérature à l'Université de l'État de New York (Suny) a été arrêté à l'aéroport de Douala-Cameroun, alors qu'il s'apprêtait à quitter le pays pour se rendre au Zimbabwe, où réside sa famille.
3 757 signataires
Selon un communiqué rendu public vendredi par son avocat, Me Emmanuel Simh, l'écrivain « serait accusé d'outrage au chef de l'État Paul Biya et mis aux arrêts à la PJ de Yaoundé ». Il « se porte bien et son moral et au beau fixe ».
« J'ai fini par retrouver Patrice et nous avons pu échanger. Il a été arrêté le 6 décembre à Douala, menotté et conduit à Yaoundé dans une voiture qui l'attendait ». Il a été placé « en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire, après qu'on ait confisqué ses téléphones. Il a été délesté de tout ce qu'il avait, sur procès-verbal, et ne pouvait donc communiquer avec personne », a détaillé M. Simh.
Il lui a « été notifié le motif de son arrestation, à savoir l'outrage au président de la république, suivant un post sur son mur Facebook. Il a exigé d'être entendu en présence de son conseil. Ce n'est que vers treize heures qu'on lui a permis de téléphoner ce jour », a ajouté l'avocat.
« Critique féroce et conscience qui ne s'agenouille pas, il a fondé le mouvement Génération Change (organisation de la société civile, qui oeuvre notamment en faveur du développement) et entreprend depuis plusieurs années tout un travail aussi bien sur le terrain que dans son écriture, dénonçant les immobilismes, fustigeant les pouvoirs corrupteurs », a écrit dans sa pétition le collectif d'écrivain.
Trois jours après sa mise en ligne, la pétition avait enregistré près de 3. 757 signatures ce dimanche 10 décembre midi.