Actualités of Tuesday, 2 October 2018

Source: L’OEIL DU SAHEL N°1128

Election 2018: les populations de Maroua ont défié Paul Biya et le RDPC

Une frange de la population a préféré vaquer à ses occupations loin de la mobilisation Une frange de la population a préféré vaquer à ses occupations loin de la mobilisation

Les engins qui travaillaient sur la voirie urbaine, les jeunes qui curaient littéralement les caniveaux sur le boulevard du renouveau et autres axes qui desservent le palais présidentiel, les services du gouverneur et le stade municipal depuis quelques jours (de jours comme de nuits) ont disparu de la circulation ce samedi 28 septembre 2018. En ce jour de meeting de Paul Biya, ils ont laissé place aux éléments de la garde présidentielle, gendarmes et policiers pour assurer la sécurité du président candidat.

Aussi dès la matinée, c’est un calme et un silence de cimetière qui régnait dans les différentes artères de la ville. Alors que le soleil pointait au zénith, boutiques et autres points de commerce ont été fermés. Un décor planté pour attendre la visite de Paul Biya. Et l’on pouvait observer une affluence vers le stade. Piétons, engins à deux roues et véhicules marqués des effigies du RDPC se rendant au stade où le meeting de Paul Biya était prévu. Sur ces entrefaites, le passage d’un enfant à peine âgé de 5 ans et habillé sous les couleurs du Rdpc ne pouvait passer inaperçu.

Toutefois, un tour dans les quartiers chauds de la ville comme Domayo et Pont Vert, l’on se rendra vite compte que les populations étaient pour la majorité indifférentes à la visite présidentielle. Habitant pourtant non loin du lieu du meeting, beaucoup ont refusé de se rendre pour écouter le président -candidat arrivé dans leur ville avec son impressionnant cortège. Comparer aux barons, aux élites, aux fonctionnaires aux proches ou privilégiés du système comme certains opérateurs économiques, ceux qu’on peut appeler « Bas peuple » sont des chômeurs, des débrouillards, des moto-taximen, des petits commerçants.

Dans les dédales du quartier « pont vert », contrairement à ceux qui sont sur la route principale, les habitants vaquaient tranquillement à leurs occupations quotidiennes. «ça ne va rien changer dans ma vie. Aujourd’hui, il n' y a pas beaucoup de clients et les policiers sont partout dans la ville, je préfère ne pas travailler» a confié un moto taximan. «Je ne comprends pas pourquoi on nous a demandé d’arrêter de vendre depuis hier soir à 15H alors que Paul Biya arrivait aujourd’hui. Je ne sais pas si ça se passe ainsi pour tous les présidents», s’est offusqué un vendeur ambulant. «On attendait Paul Biya depuis à Maroua quand Boko Haram chauffait et a fait plusieurs morts, pas maintenant. C’est clair qu’il est venu pour ses intérêts politiques. Que j’aille écouter ce qu’il a à dire ou pas, ça ne va rien changé à l’issue de l’élection et dans mon quotidien qui s’assombrit au jour le jour. C’est entre eux que ça se passe au stade, ils se connaissent tous. Nous ne sommes si inconscients, mieux je bois mon bil-bil au quartier et qu’ils font leur mascarade aux yeux d’une opposition complice», a lâché un jeune