On ne peut coloniser que ceux qui sont colonisable ; un peuple instruit ne se soumet jamais. Dans toute société le niveau de liberté ou de tyrannie dépend largement de la détermination des sujets à être libres, de leur volonté et de leur capacité à s'organiser pour vivre librement, et surtout de leur aptitude à résister à tous les efforts de domination ou d'asservissement. En d'autres termes, la population peut utiliser la société elle-même comme moyen d'établir et de défendre sa liberté.
C'est le pouvoir social, et non les moyens technologiques de destruction, qui constitue la plus forte garantie de la liberté. On pourrait penser que les résistances civiles sont des processus réservés aux nations démocratiques ou développées ; En fait, on constate que tous les pays sont touchés. C’est un phénomène universel. Au final, la décision de suivre ou pas les politiciens appartient au citoyen.
Pouvons-nous développer et mettre en œuvre avec succès dans nos sociétés une politique de défense élaborée afin de dissuader des agressions intérieures et étrangères? La plupart des gens trouvent étrange voire absurde, l'idée qu'une population sans armées, sans chars, ni avions, sans bombes ni missiles puissent renverser une dictature, réduire à l'impuissance des armées d'invasion, empêcher une prise de pouvoir contraire à la constitution et vaincre des agresseurs.
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Pourquoi les mouvements de non-coopération et de défi ont-ils pu déposer des dirigeants auparavant puissants? (Shah d'Iran, Milosevic, Didier Ratshiraka, Baby Doc d'Haïti...). Tout simplement parce que ces mouvements ont frappé au talon d'Achille de tout gouvernement La dépendance des gouvernants et l'affaiblissement des sources du pouvoir.
• Tous les gouvernants sont dépendants
Les gouvernants ne sont pas nés avec le pouvoir, ils ne le possèdent pas... En fait ils ne peuvent utiliser ce pouvoir que dans la mesure où on les laisse en disposer. Pour que les gouvernants puissent exercer le pouvoir politique, il faut que "les gouvernés" leur reconnaissent une autorité. Que ces gouvernants aient ainsi la capacité de diriger la conduite des autres, de gérer les administrations chargées de mettre en œuvre leur politique et de donner des ordres aux organisations répressives ou combattantes.
La disponibilité de chacune de ces sources de pouvoir dépend de la coopération et de l'obéissance de la population et des divers groupes et institutions de la société que l'on entend diriger. Cela signifie que ces moyens ne sont pas automatiquement à la disposition des gouvernants éventuels.
• Identifier les sources du pouvoir: Voici les 6 sources du pouvoir
L'autorité
Quelle proportion de la population croit profondément et fermement au droit qu'ont les gouvernants à les gouverner?
L'adhésion
Le pouvoir des gouvernants est lié au nombre de personnes et d'organisations qui leur obéissent, qui coopèrent ou les aident, au pourcentage de ces personnes dans l'ensemble de la population. Combien de personnes et quelles institutions apportent ou refusent leur aide? Que se passent-ils si les gens refusent de reconnaître le dictateur ou des envahisseurs qui les ont vaincus militairement sont devenus leurs maîtres politiques?
C'est une erreur que de croire que le pouvoir politique vient de la violence. Ce qui revêt une grande importance, c'est le choix de désobéir, la volonté de contester et l'aptitude à résister afin de vaincre des oppresseurs, des tyrans ou des agresseurs qui disposent d'une capacité presque illimitée de détruire ou de tuer.
L'aptitude de la population à agir collectivement pour contrôler ces gouvernants sera très influencée par la position des organisations et institutions non gouvernementales car c'est à travers ces corps constitués que les gens peuvent agir collectivement. Ces organisations et institutions non gouvernementales sont les carrefours du pouvoir.
Ce sont "les lieux" de la société où réside le pouvoir. c'est là qu'il s'exprime, qu'il converge. On retrouve dans ces lieux les grandes organisations et institutions sociales: familles, associations, groupes religieux, les administrations et partis politiques. Par exemple les sermons d'un prêtre dissident pourront toucher un nombre limité de paroissiens dévoués.
Par contre si l'Eglise dans son ensemble, s'adressant à la Nation condamne le régime et le déclare illégitime, elle peut provoquer la chute du gouvernement. Il est essentiel que la non-coopération et la désobéissance viennent des organisations et des institutions et non pas des individus isolés.
Les compétences et la connaissance
Le pouvoir des gouvernants dépend également des compétences et du savoir-faire des personnes et des organisations prêtes à les aider et à les obéir, tout en étant capables de subvenir à leurs besoins (corruptions, clientélisme...)
Les facteurs intangibles
Les facteurs psychologiques et idéologiques, les émotions et les croyances ont également leur importance dans le soutien accordé aux gouvernants. Ces facteurs sont multiples:
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- Habitudes et attitudes par rapport à l'obéissance et la soumission
- Présence ou absence d'une foi, d'une idéologie partagée (nationalisme)
- Sens d’une mission commune (lutter pour l’intégrité territoriale du pays)
Les moyens matériels
Rechercher à quel point les gouvernants contrôlent la propriété, les ressources naturelles et financières (rôle des multinationales), le système économique, les moyens de transport et de communications (souvenons-nous de Myko - Télecel dans la chute de Mobutu) - ( la télé, radio..). Ces moyens matériels sont-ils prêts ou non à servir les objectifs des gouvernants?
Les sanctions
La dernière source de pouvoir des gouvernants réside dans la nature et l'étendue des sanctions (ou mesures répressives) dont ils disposent. Ces moyens et sanctions sont-ils limités? Ou sont-ils réellement disponibles et fiables?
Ces 6 sources du pouvoir sont très rarement toutes à l'entière disposition des gouvernants. Leur disponibilité évolue en permanence. Ces modifications augmentent ou réduisent le pouvoir des gouvernants.