Actualités of Monday, 28 April 2025
Source: www.camerounweb.com
D'après une enquête de Jeune Afrique, le siège de la Conférence épiscopale du Cameroun oscille entre rôle de médiateur et prise de position critique vis-à-vis du régime
La basilique mineure Marie-Reine-des-Apôtres de Mvolyé n'est pas seulement un haut lieu du catholicisme camerounais, mais aussi un acteur majeur des crises politiques du pays. Selon une enquête publiée par Jeune Afrique le 27 avril 2025, ce lieu emblématique de Yaoundé s'affirme comme un espace stratégique de médiation et parfois d'opposition au pouvoir.
Le magazine panafricain révèle notamment que la basilique a été choisie comme terrain neutre lors des négociations entre le gouvernement camerounais et les séparatistes anglophones en juillet 2020. "Parmi les options, Sisiku Ayuk Tabe, président de l'autoproclamée Ambazonie, et ses partisans, optent pour le centre épiscopal de la basilique mineure Marie-Reine-des-Apôtres, à Mvolyé", rapporte Jeune Afrique, un choix "qui n'est pas anodin".
La basilique abrite le siège de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (Cenca), et cette position lui confère une influence certaine sur la scène politique nationale. Jeune Afrique rappelle qu'en 2006 déjà, la Cenca dénonçait "l'opacité du système électoral" et que plus récemment, en janvier 2025 à Buea, "plusieurs évêques se sont prononcés pour que le chef de l'État ne se présente pas à la prochaine présidentielle".
Ce rôle politique n'est pas sans créer des tensions. L'article de Jeune Afrique évoque plusieurs incidents témoignant des conflits qui peuvent émerger dans ce lieu saint. En février 2011, Louis-Tobie Mbida, fils de l'ancien Premier ministre André-Marie Mbida, est "sommé par la police de quitter les lieux alors qu'il tente d'y tenir un meeting". En décembre 2015, c'est Bernard Muna, alors patron de l'Alliance des forces progressistes et opposant à Paul Biya, qui y fait célébrer une messe "qui vient coïncider avec un autre événement organisé par le parti au pouvoir".
Plus révélateur encore, Jeune Afrique rappelle l'épisode de mai 2019, lorsque la famille de Martin Belinga Eboutou, ancien directeur du cabinet civil de Paul Biya, se heurte au refus du recteur et du Vatican d'organiser une veillée à la basilique. En cause : les soupçons d'obstruction à la justice dans l'enquête sur la mort suspecte de l'évêque de Bafia en 2017.
Ces tensions illustrent, selon l'enquête de Jeune Afrique, le difficile équilibre que doit maintenir l'Église camerounaise entre sa mission spirituelle et son rôle politique dans un pays où les crises se multiplient et où le pouvoir reste fermement entre les mains de Paul Biya depuis plus de quatre décennies.