Culture of Thursday, 9 March 2017

Source: CameroonWeb

Marlène Emvoutou fête son 8 mars autrement

Marlène Emvoutou Marlène Emvoutou

Marlène Emvoutou ! L’évocation de son nom seul au Cameroun en dit long sur son parcours et ses prises de position en off ou en ligne. Entrepreneure de son État, l’ancienne candidate aux élections de la Fécafoot livre son point de vue sur la célébration de la journée de la femme au Cameroun.

Cette mère de deux enfants qui a parcouru les quatre coins du monde ces dernières années pense qu’au-delà du folklore et du tohubohu médiatique autour du 8 mars, il faut aller au-delà vers l’autonomisation de la femme camerounaise.

Selon elle, l’État doit "donner aux femmes les moyens de participer pleinement à la vie économique dans tous les secteurs" avec une législation qui permettra véritablement son épanouissement et sa participation aux prises de position.

Ci-dessous son point de vue.
« Si je prends part à des manifestations, si je m’engage dans une action proprement féministe c’est que mon attitude touchant la condition de la femme a évolué. »
Simone de Beauvoir.
Depuis toujours les femmes engagées sont une source d’inspiration pour des millions de citoyennes...
Elles ont fait avancer la société en menant des combats nécessaires.
Voilà 15 ans que je refuse catégoriquement de porter le pagne du 8 mars.
Je suis convaincue que les femmes devraient attacher plus d’importance à leur esprit qu’à leur beauté.
Toutes ces femmes que je vous présente ont été des pionnières dans un domaine de la vie publique.
Elles n’ont jamais brillé par leur grande beauté, mais par leur intelligence, leur détermination, leur engagement dans la conquête des droits des femmes et des hommes.
Aujourd’hui dans mon pays, les femmes qui comptent ont fait des photos vêtues de leurs kabas dans les tribunes.
Les femmes de la rue ont pris les leurs dans la rue...
Une chose reste constante : les femmes préfèrent être belles qu’intelligentes.
La journée internationale de la femme devait être au Cameroun, une journée de réflexion sur l’avancée des droits des femmes.
Les femmes camerounaises l’ont transformé en journée internationale de dépravation morale et d’orgies en tout genre.
À travers le monde, les femmes contribuent de manière significative à la survie économique et à la croissance de leurs pays.
Au Cameroun, les femmes représentent 70 % des pauvres.
Or, elles accomplissent un large éventail d’emplois et d’activités dans des secteurs peu valorisés.
50 % de la nourriture nationale est produite par les femmes.
A cet effet, les femmes camerounaises méritent d’être accompagnées dans leurs efforts à travers la mise en œuvre des politiques volontaristes.
L’État du Cameroun doit donner aux femmes les moyens de participer pleinement à la vie économique dans tous les secteurs,
afin d’édifier une économie solide et de réaliser les objectifs nationaux de développement.
L’amélioration des conditions de vie des femmes camerounaises est un impératif catégorique pour atteindre l’émergence en 2035.
Le gouvernement de la république doit promouvoir l’éducation et la formation professionnelle des femmes.
« On ne devient pas chef d’entreprise si on n’a aucune compétence professionnelle dans le secteur d’activité qu’on veut développer. »
En Europe, même pour laver les chiens une évaluation de vos compétences professionnelles est requise.
L’autonomisation des femmes passe aussi par la responsabilisation des hommes.
Il faut mettre en application un véritable code de la famille Cameroun.
Aucun enfant ne devrait plus naitre sans père.
Une loi pénale qui contraindrait les à assumer leur progéniture est une solution pour aider les mères qui élèvent seules leurs enfants et sont livrées à elles — mêmes.
Le djansan ne suffit pas pour briller en société, le kaba du 8 mars ne couvrira jamais assez les cicatrices des humiliations et des coups que les femmes subissent dans l’indifférence générale.
Je reste convaincue que les partouzes et le libertinage sexuel ne seront jamais la preuve de l’émancipation de la femme camerounaise.
C’est en cela que ce jour est pour moi, un jour de profonde détresse.