Dans les coulisses du pouvoir camerounais, un nom s'impose progressivement comme l'architecte discrète de la prochaine bataille présidentielle: Cathy Meba, nièce du président Paul Biya. Alors que les funérailles de sa tante Martine Meba ont momentanément uni la famille présidentielle sous les projecteurs, c'est bien la stratégie électorale qui occupe désormais les esprits au sein du clan Biya.


Selon les révélations de Jeune Afrique, Cathy Meba s'est déjà imposée comme "l'une des chevilles ouvrières de la campagne pour la prochaine élection présidentielle" prévue en octobre 2025. Une ascension fulgurante pour cette femme qui a fait de la communication son arme principale.
Son documentaire à la gloire du président, "Paul Biya, un grand homme d'État au destin prodigieux", projeté en grande pompe au Palais des Congrès de Yaoundé puis dans tout le pays en 2024, apparaît aujourd'hui comme le coup d'envoi non-officiel de la campagne présidentielle. Un timing que beaucoup d'observateurs considèrent comme stratégique.

"La diffusion de son documentaire en 2024 avait été le signe d'un début de bataille électorale", confirme Jeune Afrique, révélant ainsi l'influence grandissante de la nièce présidentielle dans l'appareil de propagande du régime.

L'enquête de Jeune Afrique dévoile également l'étendue du réseau d'influence de Cathy Meba. Proche de figures importantes comme la sénatrice et femme d'affaires Françoise Puene (alias Mamy Nyanga), fondatrice de l'association Jeunesse émergente et républicaine du Cameroun, conseillère régionale RDPC du Sud et présidente d'une section féminine du parti dans le fief familial du Dja-et-Lobo, elle a méthodiquement construit sa base de pouvoir.

Son livre "40 ans et si c'était Moïse?", consacré à son oncle, complète un dispositif médiatique impressionnant pour celle qui entretint également des liens privilégiés avec l'ancienne première dame Jeanne-Irène Biya.


Si Cathy représente l'aile offensive de la famille, les autres membres des Meba illustrent la diversité des approches au sein de ce clan méconnu. Pierre Meba, frère cadet du président et père de Cathy, cultive une discrétion légendaire malgré son influence considérable, étant l'un des rares à avoir "accès à son frère à toute heure" dans la résidence présidentielle de Mvomeka'a.
Évrard Meba, frère de Cathy, mène quant à lui un combat juridique contre les opposants au régime. À la tête de l'Observatoire du développement sociétal (ODS), il a notamment porté plainte contre l'avocate des droits humains Alice Nkom en décembre 2024, l'accusant de "tentative d'atteinte à la sûreté de l'État" et de "financement du terrorisme".

Seul Christian Meba, l'autre frère, semble se tenir à l'écart des manœuvres politiques, après un passage diplomatique à New York et un retour discret dans l'administration camerounaise.


À 92 ans, Paul Biya devrait, "sauf ennuis de santé", briguer un nouveau mandat en octobre 2025. Mais derrière cette candidature se profile déjà la question de sa succession. L'activisme croissant de sa nièce Cathy et l'implication politique d'Évrard alimentent les spéculations sur une possible transition dynastique au sein même de la famille Biya-Meba.

Les récentes funérailles de Martine Meba, transformées en événement quasi-national avec la présence du couple présidentiel, ont démontré une fois de plus comment, "dans l'entourage de Paul Biya, les vies privée et publique se confondent", selon la formule de Jeune Afrique. Une confusion qui pourrait bien façonner l'avenir politique du Cameroun.