Issa Tchiroma a choisi la déclaration sur situation sécuritaire dans les deux régions en crise au Cameroun, pour annoncer l’arrestation de l’écrivain dissident Patrice Nganang. Un fait de hasard ? Difficile de le savoir. Toujours est-il que le porte-parole du gouvernement a aligné l’enseignant d’université en service aux États-Unis dans la suite de la liste des terroristes neutralisés lors des dernières opérations des forces de défense et de sécurité dans ces deux régions. Sans préciser le chef d’accusation retenu par la justice camerounaise contre l’homme qui a été arrêté alors qu’il embarquait à l’aéroport international de Douala le 6 décembre dernier. «L’interpellation de Monsieur NGANANG est survenue à la suite d’une promesse de mort sur la personne du Chef de l’État camerounais, proférée par l’intéressé à travers un message posté sur sa page facebook, le 3 décembre 2017 à 19 heures 27 minutes», s’est-il contenté de signifier à la presse. En clair, Patrice Nganang paie le prix de son activisme sur les réseaux sociaux.
C’est sur ces mêmes réseaux sociaux que Me Simh, avocat du dissident, qui annoncera qu’au lendemain de son arrestation, «il a été notifié du motif de son arrestation, à savoir l'outrage au Président de la république, suivant un post sur son mur Facebook». Précisant que son client «a été arrêté le 06 à Douala, menotté et conduit à Yaoundé dans une voiture qui l'attendait. Il sera gardé à vue dans les locaux de la police judiciaire». Ainsi, l’universitaire connu pour ses positions radicalement tranchées contre le président Paul Biya, était filé lors de son séjour en terre natale. Les chefs d’accusation pourraient se multiplier. Issa Tchiroma face à la presse, a indiqué que «la police mène actuellement des investigations pour savoir s’il détient l’arme avec laquelle il comptait commettre son forfait».
Le message qui gêne le régime de Yaoundé est le suivant : «Mais faites-moi confiance, et je ne blague pas - je l'ai devant moi, lui Biya, et ai un fusil, je vais lui donner une balle exactement dans le front. Je le dis depuis Yaoundé où je suis. Lui aussi. L'ai dit à Paris devant Abdou Diouf et à New York devant la Maison Blanche. Ceci est donc une répétition. Un Bangangte est trop noble pour fuir à cause de ce qu'il va faire si on le laisse. Qu'il vienne m'arrêter s'il a encore des couilles". Il est signé de l’écrivain en état d’arrestation.