L’universitaire camerounais tacle sévèrement Paul Biya dans une interview qu’il a accordée au journal l’Humanité.
Dans 72 heures, les Camerounais seront aux urnes pour élire leur Président de la République. Huit candidats de l’opposition affrontent Paul Biya 85 ans, qui brigue la magistrature suprême pour la 7ème fois. Le doyen des candidats est en poste depuis 36 ans. Une longévité sans pareille dans un pays dont les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont en proie à une grave crise sociopolitique depuis deux ans.
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Pour Achille Mbembe, ce long règne, le successeur d’Ahmadou Ahidjo a pu l’assoir par une gouvernance où violence et corruption se côtoient. L’historien et politiste camerounais a accordé une interview parue mercredi sur le site de l’Humanité. Egal à lui-même, l’universitaire tacle sévèrement l’actuel locataire du Palais d’Etoudi.
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A.Mbembe analyse que le Cameroun est « un pays où l’État a toujours dominé la société, où celle-ci éprouve de grandes difficultés à faire corps, où les acteurs politiques rencontrent d’innombrables obstacles pour construire des coalitions et, surtout, des coalitions multiethniques. La société civile est très affaiblie, les partis d’opposition sont divisés et tout est fait pour maintenir ces divisions, que le régime exploite de façon très adroite. Sur la base d’une corruption systémique, Paul Biya est parvenu à se maintenir au pouvoir depuis bientôt trente-sept ans, en utilisant la brutalité, la violence et les prébendes ».
L’enseignant d’université fait remarquer que « Paul Biya a mis les ressources naturelles du pays sous sa coupe directe. À commencer par le pétrole, mais aussi d’autres minerais, ainsi que le bois. Il a instauré une forme de gouvernement de type concessionnaire qui lui permet de vendre presque à l’encan et directement aux multinationales les ressources du pays. C’est le cas avec Bolloré, Total et bien d’autres firmes, qu’elles soient françaises ou non. En privatisant les ressources naturelles du pays, il est parvenu, avec ses affidés, à mettre la main sur l’essentiel des richesses nationales ».