Quinze ans que le Cameroun attendait ça. Enfin, les Lions indomptables décrochent leur cinquième étoile. La preuve que l’équipe a réussi à sortir de la zone de turbulences dans laquelle elle est restée longtemps engluée du fait des égos surdimensionnés de ses ex-stars et de l’amateurisme des responsables camerounais en charge du football.

Déjouant tous les pronostics, les Camerounais s’offrent un trophée d’autant plus méritoire qu’il est obtenu au détriment des Pharaons d’Egypte qui, par deux fois en 1984 et 2008, avaient raflé le titre ultime sous le nez et la barbe des Lions indomptables. Quant aux supporters camerounais qui n’ont pas encore fini de pleurer les victimes de la catastrophe d’Euseka et qui broient du noir du fait d’un président à la limite de l’impotence, le trophée rapporté de la belle aventure gabonaise, offrira sans doute un court moment de détente.

Le tournant du match

Jusqu’à 30 minutes de la fin du match, les Egyptiens, ayant un but d’avance depuis la 22ème minute, croyaient détenir leur 8ème titre. Ce qui aurait sans doute couronné le formidable retour des Pharaons de l’ère post-Moubarak. Sans oublier le grand soulagement que l’entraineur, Hector Cuper, en quête de son premier titre d’envergure, en aurait tiré. Mais justement, la 60ème minute, c’est le tournant de la finale, avec le but égalisateur de Nkoulou. A partir de cet instant, la confiance change de camp et les Egyptiens, en proie à la fébrilité, subissent le siège de l’équipe camerounaise qui a retrouvé sa sérénité et décidée à mettre à profit le rapport de force psychologique à elle favorable. Du coup, le break de Vincent Aboubakar était dans l’ordre normal des choses.

Insouciance et complicité

Surprenant vainqueur de cette 31ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), le Cameroun n’en est pas moins un champion ayant amplement mérité son titre. Symbole d’une équipe qui a réussi à faire sa mue et à tourner le dos à son passé récent peu glorieux, les Lions indomptables sont une bande de jeunes pour lesquels jouer c’est avant tout se faire plaisir. Revendiquant une insouciance qui frise la naïveté et une complicité qui faisait particulièrement défaut aux Camerounais, ils en font leur levain. Plus portés sur le jeu que sur l’argent, ils sont allés au bout en obéissant tout d’abord au plaisir qu’ils se procurent à eux-mêmes et en pensant à la joie qu’ils procurent aujourd’hui à l’ensemble du Cameroun, un pays qui vogue entre la routine et l’apathie.

Plus de petite équipe

Pour le reste, le tournoi, à l’image du sacre du Cameroun, n’aura été qu’une succession de surprises. La Côte d’Ivoire, l’Algérie et le Gabon n’ont ainsi pas réussi à franchir le premier tour. Ensuite, le Sénégal, la RDC et le Ghana, autres prétendants sérieux, ont à leur tour, mordu la poussière et débarrassé le plancher. C’est ainsi que des outsiders sur lesquels personne n’avait misé se sont retrouvés dans le dernier carré d’as. Ce sont tout naturellement le Cameroun et l’Egypte, mais aussi les Etalons du Burkina. En sorte que ce tournoi passera probablement pour celui qui a le mieux illustré l’affirmation selon laquelle, en Afrique, il n’y a plus de petite équipe. Tant mieux, serait-on tenté de conclure.