Le Cameroun est en demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Cette équipe remaniée après la défection de plusieurs de ses cadres semble vivre sereinement sa CAN. Pourtant, depuis plusieurs années, la grande nation du football africain, qui a remporté quatre trophées, avait du mal à se défaire des égo et des querelles intestines. Décryptage.
Contre toute attente, le Cameroun est en demi-finale, malgré de nombreuses défections. Et même si les Lions indomptables ont hérité d’un Ghana revanchard après la finale perdue de 2015 face à la Côte d’Ivoire, tout semble encore ouvert.
Nicolas Nkoulou, le grand frère
« Tout le monde attend beaucoup de nous, explique Collins Fai. On avait en tête d’aller le plus loin possible en traversant au moins le premier tour. Finalement, nous avons passé les quarts de finale. Chaque étape est une motivation supplémentaire. » L’arrière latéral du Standard de Liège parle désormais d’une « lourde responsabilité ». Surtout lorsqu’il faut composer avec quatorze nouveaux joueurs sur vingt-trois, dont lui.
Dans cette équipe recomposée, Collins Fai pointe le rôle de Nicolas Nkoulou, présent avec les Lions depuis la CAN 2010. « Lui, qu’il joue ou qu’il ne joue pas, il est toujours derrière nous. Sur cette CAN, c’est notre grand frère ». Mais cela ne suffit pas à tout expliquer. « Notre groupe est jeune et c’est une motivation pour montrer au pays que l’on est capable de faire des choses aussi importantes que nos prédécesseurs. C’est notre état d’esprit », avance Collins Fai.
Un sélectionneur apprécié
Pourtant, Edgar Salli, présent en 2015 en Guinée équatoriale, ne veut pas remettre en cause l’état d’esprit de la précédente CAN où le Cameroun avait échoué au premier tour. « Je ne peux pas dire que l’on soit si loin de 2015. Ce n’est pas que nous n’étions pas concernés, mais je pense qu’aujourd’hui, il y a plus de solidarité », avoue-t-il.
La différence peut aussi se trouver dans les choix du technicien Hugo Broos. Avec ce nouveau sélectionneur, personne n’est certain d’être titulaire au prochain match. Lors des quatre premières rencontres, il a changé l’équipe type à chaque fois. « Ce qui nous a permis de rester soudés et concentrés », souligne Edgar Salli. « Tout le monde peut jouer dans l'équipe. En demi-finale, il peut y avoir encore d'autres surprises, mais on est tous prêts et motivés », explique le milieu de terrain Arnaud Djoum. Hugo Broos a ramené aussi un peu plus de discipline.
Mettre son égo de côté
S’il y a de bonnes individualités comme le gardien Fabrice Ondoa, les Lions indomptables ne disposent plus de stars comme à la grande époque. « Tout le monde veut jouer et si tu n’es pas content, tu dois le garder pour toi. Il faut mettre ses sentiments de côté pour continuer à vivre en groupe », admet Edgar Salli, qui parle d’invincibilité tant la solidarité est présente.
Finalement, ceux qui ont décidé de rester en club ont-ils rendu service au groupe ? « Je ne le crois pas. Comme ils ne sont pas là, on ne peut le dire », lâche Edgar Salli. « J’ai été surpris par l’extrême motivation de l’équipe. Au final, une CAN, c’est peut-être fait pour les joueurs qui veulent se montrer pour changer de stature », conclut Tombi A Roko. Le président de la Fédération camerounaise de football ne veut pas pour autant exclure définitivement ceux qui ont décliné l’invitation, comme Joël Matip (Liverpool) ou Eric Choupo-Moting (Schalke 04).