Tandis que les inspecteurs de la Confédération Africaine de Football déclarent que seuls ses chantiers sont en avance dans leur rapport, Prime Potomac fait face curieusement à des blocages de décomptes qui retardent le paiement des salaires et des fournisseurs. «Garoua va abriter la CAN 2019 et nous allons livrer dans les délais nos chantiers comme prévu ! » La déclaration du PDG de Prime Potomac résume bien son sentiment de détermination au lendemain du mouvement d’humeur de son personnel dans certains chantiers dont il a la charge à Garoua. Ce regain de sérénité chez le jeune patron d’entreprise se justifie sur le terrain à Garoua par l’effectivité des travaux dans les six sites. Parfois avec intensité. Des témoignages recueillis çà et là soutiennent d’ailleurs qu’il n’y a jamais eu un arrêt complet des activités dans tous les sites dont Prime Potomac assure la construction et la réfection des infrastructures pour la CAN 2019. Dans son édition du mercredi 4 juillet 2018, le trihebdomadaire L’œil du Sahel le confirme d’ailleurs dans sa narration en indiquant que « les chantiers de l’hôtel de la Bénoué, de l’hôtel des sports et du stade d’entrainement de Rey Ré étaient en activité. »
LIRE AUSSI: Accusé de détournement, le DG de PRIME POTOMAC réagit (enfin)
Un responsable de la mission de contrôle déployé par le maître d’ouvrage relativise l’ampleur de la grève en indiquant que, au titre d’exemple, l’entreprise a lancé le coulage de la dalle du 1er étage du nouvel hôtel de 100 chambres en construction lundi dernier. Des travaux qui se sont poursuivis sans la moindre perturbation et s’achèveront ce jeudi. Bien plus, l’on se rend compte que la plupart des employés ayant pris d’assaut les services du gouverneur du Nord dans la journée de mardi sont plutôt issus du contingent qui a été récemment libéré pour cause de travaux en cours d’achèvement dans certains sites notamment au niveau des stades d’entrainement. Chez Prime Potomac, l’on confirme l’épineux problème des salaires impayés ainsi que des factures de certains fournisseurs. « Avec nos employés, nous avons effectivement libéré certains de nos ouvriers et nous n’avons pas encore totalement payé leurs revenus. Nous attendions des payements en fin de semaine dernière, qui ne nous sont pas parvenus, mais la situation est globalement stable. » a expliqué son PDG dans les colonnes de notre confrère L’œil du Sahel. Mais cette situation, source de mécontentements réels, a fait l’objet d’une instrumentalisation par des acteurs tapis dans l’ombre pour déboucher au mouvement d’humeur.
Et Ben Modo d’expliquer que « nous avons été surpris de constater qu’il y avait des gens qui circulaient dans la ville depuis trois à quatre jours, pour proposer la somme de 10000 FCfa aux ouvriers, en contrepartie de la participation à un mouvement de grève en préparation. C’est ainsi qu’on a commencé à observer une certaine agitation, notamment sur les réseaux sociaux. » Déjà, la semaine dernière, alors que la situation était déjà intenable, le PDG de Prime Potomac est rentré bredouille d’un voyage à Yaoundé où l’espoir d’obtenir le paiement d’un décompte auprès du gouvernement est resté vain. Les évènements se sont par la suite accélérés jusqu’au coup de chauffe déclenché dans la journée de lundi dernier. Après avoir multiplié des conclaves avec ses collaborateurs et les autorités de la région, il a aussitôt regagné Yaoundé précédé par les échos d’une ambiance électrique à Garoua.
LIRE AUSSI: CAN 2019: la troisième visite d’inspection de la CAF est connue
La situation est apparue suffisamment très grave pour faire l’objet d’une série de réunions de crise à plusieurs niveaux au sommet de l’Etat. Surtout que des indicateurs d’un complot visant à déstabiliser les préparatifs de la Can pour en empêcher l’organisation au Cameroun se sont révélés au grand jour. Le lien entre l’instrumentalisation du mécontentement des employés et des fournisseurs impayés avec le blocage des paiements de Prime Potomac étant suffisamment suspect. Une source sécuritaire souffle que, les enquêtes initiées, ont assez rapidement débusqué les zones de blocage des paiements des décomptes engagés, ceci depuis plusieurs mois, au profit de Prime Potomac au sein de l’appareil de la haute administration du pays. Des mesures auraient aussitôt été prises pour des solutions urgentes. Ce qui laisse croire que les salaires réclamés pourront être payés dès cette fin de semaine
Les écueils multipliés contre Prime Potomac pour le paiement des décomptes, en plus des autres manœuvres de déstabilisation auxquelles fait face le constructeur sonnent plutôt comme un paradoxe. Face au gouvernement lancé dans une course folle pour rattraper les retards du fait des pressions de la Confédération africaine de football (CAF), l’entreprise américaine fait plutôt office de modèle avec aujourd’hui plus de 70% de taux de réalisation de ses chantiers. Ses responsables soutiennent d’ailleurs que, sans embûches, certains pourront être livrés avant la prochaine visite d’inspection de la CAF prévue au mois d’août prochain. Déjà dans le récent rapport de la CAF, Prime Potomac occupe la tête du peloton des sociétés engagées par le gouvernement pour la réalisation des infrastructures de la Can 2019. Les inspecteurs Wally Ismaël de la CAF et Jean Louis Roumain du cabinet Roland Berger lors de la deuxième évaluation des chantiers réalisée en mars dernier ont conclu que ses chantiers sont en avance par rapport aux délais. L’unique société affichant un tel niveau d’avancement des travaux. Ce qui n’est pas du goût aussi bien des architectes de l’échec de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun que des ennemis de Ben Modo.