Infos Sports of Thursday, 24 August 2017

Source: actucameroun.com

CAN 2019: le rôle trouble de la Fédération Nigériane de Football

Amaju Pinnick, président de la Fédération Nigériane de Football Amaju Pinnick, président de la Fédération Nigériane de Football

Des voix s’interrogent sur le choix d’un cabinet d’audit sans appel à concurrence. La Confédération africaine de football aura du mal à se relever de sa mission d’inspection manquée au Cameroun. Chaque jour qui passe dévoile son lot de difficultés à résoudre pour le gouvernement de Ahmad Ahmad, à la suite de ce contretemps. La dernière en date est la remise en cause à l’intérieur même de l’institution, et en dehors, du choix en gré à gré de la firme PriceWaterhouseCoopers (PWC) pour procéder à l’audit de l’organisation mise en place par le Cameroun. En effet, PWC a été choisie par le conseil exécutif de la Caf en procédure de gré à gré, sans appel à concurrence au cours de la réunion du comité d'urgence le 28 juillet 2018 à Tanger au Maroc. Les minutes de cette rencontre ne renseignent pas sur les avantages de cette préférence. Pour bien comprendre les ressorts des relations entre la CAF, PWC et les derniers développements intervenus dans la mission d’inspection initialement prévue au Cameroun du 20 au 28 août, il faut lire quelques titres de la presse nigériane. Il se trouve que, derrière les principales réformes introduites au cours du fameux symposium de juillet au Maroc qui, entre autres, a porté le nombre d’équipes participantes de 16 à 24, se cache l’un des acteurs les plus influents de la CAF à l’heure actuelle, le Nigérian Pinnick Amaju. Président de la fédération de football (NFF, Nigeria Football Federation) de son pays depuis septembre 2014, il est présenté comme l’homme qui veut que « les normes mondiales soient respectées » lors de l’organisation de la phase finale de la CAN.

Elu au sein du comité exécutif de la CAF en mars 2017, à la suite de la victoire de Ahmad Ahmad, Amaju Pinnick est celui qui affirme avoir défendu la réforme de l’audit de l’organisation de la CAN par un cabinet indépendant. Le site nigérian Newafricansoccer raconte que Amaju Pinnick connait bien PWC car ce cabinet, parmi les plus réputés au monde dans son domaine, a régulièrement audité la Fédération Nigériane de Football depuis septembre 2014. Ainsi que lorsque le comité exécutif a approuvé la décision d’une vérification indépendante des installations, Amaju Pinnick fait appel à PriceWaterhouseCoopers Nigeria, avec lequel il est partie liée, pour participer à la mission d’inspection programmée au Cameroun. Un choix qu’il a fait acter par le comité d’urgence du 28 juillet réuni à Tanger au Maroc. Selon le même site, un problème se serait alors posé entre les branches nigériane et camerounaise de PWC. PWC Nigeria a contacté PWC Cameroun et l'a informé de la tâche qui lui a été confiée. En tant que branche du pays hôte, PWC Cameroun devrait fournir des connaissances locales et un soutien logistique à son homologue venant du Nigeria. Pourtant, écrit ce journal en ligne, PWC Cameroun a tenté de sous-évaluer les standards d’audit à appliquer, ce qui à en croire sa consœur du Nigeria s’est opposée, insistant à maintenir une grille de vérification de niveau international. Sur ce PWC Cameroun a retiré toute assistance à PWC Nigeria, qui ne pouvait donc plus se rendre au Cameroun, selon les procédures internes à cette multinationale.

Cette version, qui ressemble à une offensive de la CAF, fait sourire y compris au sein de l’organisation continentale, par son intention manifeste de sauver la face des responsables du comité exécutif devant la déconvenue infligée par le désistement de dernière minute de PWC de la mission d’inspection au Cameroun. Edouard Messou, président de PWC pour l’Afrique francophone, a même confié à notre confrère Intégration : « A Casablanca (Maroc) le 17 août 2017, lors d'une séance de travail avec le président de la Caf, le débat autour du cahier de charge de PWC en terre camerounaise a échappé à la sphère de la neutralité pour devenir, aux yeux de cette structure, un enjeu de mise à l'écart du Cameroun ». Ce qui apparaît clairement, c’est l’inexistence d’un appel à concurrence pour le choix d’un cabinet d’audit pour les missions d’inspection de la CAF. Les relations bien connues entre le président de la fédération nigériane de football et PWC Nigeria étaient-elles suffisantes pour qu’elle soit retenue sans autre forme de procès ? Une réunion du comité exécutif de la Caf est prévue en septembre prochain. Elle devra statuer sur la prochaine mission d’inspection au Cameroun mais devrait d’abord tirer les leçons de l’échec de la première. D’autres sources à la Caf parlent de tractations pour trouver un autre cabinet d’audit afin de remplacer PWC.