Issa Hayatou voulait faire jusqu’à dix mandats à la tête de la Confédération africaine de football (CAF). Le prince de Garoua n’envisageait guère une défaite face au malgache Ahmad Ahmad. La surprise a été de taille.
En octobre 2016, il déclarait au micro de RFI : « J’ai 70 ans, j’ai commencé à 41 ans. Je peux faire jusqu'à dix mandats, où est le problème? Ça vous gêne en quoi ? Cela dépend de moi, mais les textes ne me l'interdisent pas ».
La victoire d’Ahmad Ahmad vient de mettre fin à ses ambitions. Un coup dur pour le roi du football africain. Issa Hayatou, ami personnel de Rigobert Song, est en train de payer le prix de son soutien au cheikh Salman Ben Ibrahim Al-Khalifa.
Gianni Infantino et Issa Hayatou, le début de la guerre
Lors de l’élection à la présidence de la FIFA en février 2016, Issa Hayatou avait soutenu le cheikh Salman au détriment de son rival Gianni Infantino. Et depuis, le président de la FIFA n’a jamais caché son aversion pour Hayatou, allant jusqu’à le défier sur le sol africain à plusieurs reprises.
Le dernier bras de fer entre les deux hommes remonte en février dernier. Philip Chiyangwa, le président du Conseil des associations d'Afrique australe (COSAFA) voulait organiser une rencontre avec les présidents de fédérations africaines.
Issa Hayatou a dit non. Il s’est farouchement opposé. Mais la rencontre a eu lieu grâce au soutien de Gianni Infantino à Philip Chiyangwa. Le président de la FIFA a même fait le déplacement à Zimbabwe et a participé à cette rencontre interdite par la CAF.
Selon une source proche de la CAF, « l'interdiction d'Issa Hayatou s'explique par le fait que les 14 pays du Cosafa vont soutenir son adversaire, le malgache Ahmad Ahmad ».
Gianni Infantino dément son implication dans la défaite d’Issa Hayatou
Le président de la fédération internationale de football association (FIFA), dans un entretien accordé hier jeudi 16 mars 2017, à RFI, ne reconnait pas son implication dans la défaite du camerounais Issa Hayatou à la présidence de la CAF.
A la question de savoir si la défaite d’Issa Hayatou n’est pas une revanche de sa part, il répond : « Mais bien sûr que non ! Ça n’a rien à voir. Lorsque j’ai été élu, ça s’est fait démocratiquement. Les gens soutiennent qui ils ont envie de soutenir. Lorsque tu es élu à la FIFA, tu es le président de 211 associations dont 55 fédérations africaines. Depuis le premier jour, j’ai travaillé main dans la main avec la CAF et les fédérations africaines », a-t-il répondu.
« Essayer de dire qu’il s’est passé autre chose, c’est faire insulte à l’intelligence des présidents de fédérations qui sont assez grands pour prendre leurs décisions sans qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire », a-t-il ajouté
Une satisfaction pour Samuel Eto’o
C’est un secret de polichinelle. Samuel Eto’o, c’est l’ami de Gianni Infantino. Les relations entre les deux ont toujours été au beau-fixe. A l’instar du président de la FIFA, l’ex-numéro 9 du Barcelone avait souhaité le départ de l’inamovible Issa Hayatou.
Dans un entretien fleuve accordé à Jeune Afrique, l’ex-capitaine des Lions Indomptables avait déclaré qu’ « aucune institution ne résiste aux lois des cycles et du changement ». « Tenter autre chose à la tête de la CAF n’est donc pas une mauvaise idée», a-t-il affirmé.
Toutefois, l’attaquant d’Anlyaspor n’a pas omis de mentionner qu’ « Issa Hayatou a beaucoup fait pour le football africain ». « Mais il faudrait apporter plus de fraîcheur pour ouvrir d’autres horizons», argumente-t-il avant d’ajouter que «ces changements pourraient prolonger et améliorer ce qui a été accompli».
Des accusations contre Issa Hayatou devant la FIFA
Une affaire Issa Hayatou est pendante à la FIFA. Des accusations graves ont été portées contre le prince de Garoua. La FIFA a décidé de transmettre le dossier à la chambre d’investigation de commission éthique de l’institution. Cette transmission n’avait pour d’autres objectifs que celui de ne pas faire barrage à la candidature de l’empereur du football africain.
« Compte tenu de la proximité des élections et pour garantir un traitement juste et équitable à Issa Hayatou, le dossier a été transmis à la chambre d'investigation de commission éthique de la FIFA qui se chargera de l'auditionner sur les accusations portées contre sa personne » peut-on lire dans la lettre ci-dessous signée par le président de la commission de gouvernance de la Fifa, le Portugais Luis Miguel Poiares Maduro.