Au terme d’un scrutin où beaucoup ne le voyait pas raflé les suffrages, l’ancien capitaine des Lions indomptables a récolté 43 voix contre 31 voix pour Seidou Mbombo Njoya, son principal challenger. Plébiscité à l’issue de l’assemblée générale élective de la Fédération camerounaise de football qui s’est tenue samedi 11 décembre à Yaoundé, il devient le nouveau patron de l’instance.
Lendemain d’élections placé sous l’onction divine. Louanges et adoration au menu d’un dimanche en communion avec le Seigneur. C’est à la Chapelle de la Gloire de Christ à Mvog-Ada dans l’arrondissement de Yaoundé 5, que Samuel Eto’o et son épouse Georgette ont choisi de démarrer leur journée du dimanche.
Qui mieux que le Très-haut pour bénir le mandat du désormais président de la Fécafoot ? Une lourde responsabilité pour l’ancien capitaine des Lions indomptables dont on ne vendait pas cher la peau la veille.
Après avoir été couvert de bénédictions par le pasteur Crescence Baboke, le nouveau boss de l’instance faitière du football camerounais se sent certainement blindé et prêt à accomplir la mission pour laquelle il a souhaité les suffrages des 43 délégués qui lui ont fait confiance.
Alors que beaucoup lui prédisaient une humiliation mémorable avec un score à la soviétique en faveur de Seidou Mbombo Njoya, l’ex goléador a dribblé tous les pronostics pour renverser son challenger et s’adjuger du prestigieux et très convoité fauteuil de président.
Bataille de longue haleine
Mais la route vers le sacre n’a pas été un long fleuve tranquille. C’est à 2h30 dimanche matin que le rideau est tombé sur les travaux de cette assemblée générale élective. Débuté à 9h30 samedi, il a fallu attendre une éternité pour boucler le conclave, avec une longue et asphyxiante élection des membres du Comité exécutif. C’est dire que les délégués n’ont vraiment pas eu de répit.
Entre épuisement, satisfecit et sentiment du devoir accompli, ces hommes et femmes n’avaient plus qu’une seule envie : retrouver leur lit et prendre un bon repos après une journée qui aura visiblement tenu la promesse des fleurs. L’histoire retiendra que Samuel Eto’o a finalement remporté le bras de fer qui l’opposait à Seidou Mbombo Njoya, président sortant et non moins candidat à sa propre succession.
Avec 43 voix pour le quadruple Ballon d’Or contre 31 pour son challenger, le meilleur buteur de l’histoire de la sélection nationale fanion est donc le nouveau boss du « palais de Tsinga ». Ce résultat est le fruit d’une bataille de longue haleine.
A l’appel des participants, Samuel Eto’o, les nerfs visiblement à fleur de peau, était en première ligne pour s’assurer que seuls le délégués de l’Ag allaient être admis dans la salle. Le seul hic est qu’il pointait son attention sur Jules Denis Onana, qui a refusé de se joindre à sa candidature, et un autre ancien Lion indomptable, candidat à un poste au Comité exécutif, Eugène Ekéké.
Bulletin unique
Après quelques conciliabules avec les membres de son équipe, l’ex sociétaire de Chelsea Fc décide de se calmer. La deuxième manche de ce match palpitant concerne les spécificités du bulletin de vote. Le candidat qui veut « redonner au football camerounais toute sa grandeur », s’en prend au président de la Commission électorale Gilbert Schlick qu’il accuse au passage d’avoir délibérément comploté avec le « camp d’en face » pour le discréditer voire le disqualifier de la course.
Eto’o suggère que la signature des candidats soit apposée au bas du document avant le scrutin. Objection refusée par la Commission qui va opter pour un bulletin unique sans autre forme de procès. La proposition est adoptée dans la douleur. Commence alors le vote. Après l’appel, chaque délégué prend le bulletin puis le stylo et fonce dans l’isoloir où il va cocher la case correspondant au candidat de son choix avant de glisser le bulletin dans l’urne.
Au décompte, les cœurs battent la chamade. C’est d’abord un mano à mano entre Eto’o et Seidou. Puis, le quadruple Ballon d’Or prend une sérieuse avance. A la 33e voix, le temps s’arrête. Les délégués comptent en chœur : « 34, 35, 36, 37, 38 ».
La salle exulte. Eto’o a (déjà) gagné ! C’est la consternation dans le camp Mbombo Njoya. Le trop plein d’assurance affiché avant le scrutin a soudainement disparu. La messe est dite. Avec seulement 31 voix, pas de second mandat pour le fils du défunt sultan des Bamouns.
Ceux qui l’avaient donné pour favori, se gargarisant que cette élection ne serait qu’une formalité, n’ont que leurs yeux pour pleurer. C’était mal connaitre le fin stratège en face. Pour la première fois dans l’histoire de l’instance faîtière du sport roi au Cameroun, une femme (Céline Eko) occupe le poste de premier vice-président.
Présidente de la Ligue régionale du football du Sud et présentée comme l’une des chevilles ouvrières de ce triomphe, l’ancienne présidente déchue de la Commission du football féminin, est donc le nouveau bras droit de Samuel Eto’o. Le plus dur commence pour la nouvelle équipe, condamné à réussir pour effacer des esprits, les images sombres d’un football camerounais placé sous assistance respiratoire depuis une dizaine d’années.
D’ailleurs, conscient que « l’heure est grave », le natif de Nkon croit dur comme fer qu’il est temps de lancer le chantier de la reconstruction de notre football. « Nous ne pouvons plus différer la modernisation de notre sport-roi car le reste du monde ne nous attend pas, il avance sans nous ». A méditer !
La composition du nouveau Comité exécutif :
Président : Samuel Eto’o
1re Vice-présidente : Céline Eko
2e vice-président : Boubakari Bello
3e vice-président : Arthur Djampir
4e vice-président : Junior Njalla Quan
Membres
Abbo Mohamadou
Soleil Roger Nyassa Nyassa
Yoki Onana
Guibaï Gatama
Stéphane Foko Kamga
Daniel Mongue Nyamsi
Joseph Feutcheu
Norbert Kouedjou
Safia Kwemo
Prospère Nkou Mvondo
Gilbert Yankam
Félix Mbigha
Abdoulaye Abdoul Razak
Abdoul Karimou