Critiqué en raison de son faible temps de jeu en club, le jeune gardien de buts force l’admiration à travers ses prouesses en équipe nationale.
Le sauveur !
Merci Fabrice Ondoa ! La phrase a été reprise dimanche soir par des milliers d’internautes, fans des Lions indomptables. Une reconnaissance pour le rôle déterminant joué par le sociétaire de Séville B dans la qualification du Cameroun en quarts de finale de la 31e CAN.
Si Benjamin Moukandjo et ses coéquipiers ont accroché les Panthères (0-0), ils doivent en partie leur qualification à une prestation une fois de plus hors du commun de Joseph Fabrice Ondoa Ebogo (21 ans). Un début de match poussif c’est vrai, mais une fin époustouflante. En témoigne son arrêt réflexe à la 93e minute sur un tir puissant du Gabonais Didier Ndong, qui se dirigeait droit dans la lucarne.
Faible temps de jeu
Au coup de sifflet final, le grand garçon - par la taille (1,85m) et la corpulence (87kg) - a fondu en larmes. De la joie mélangée à un sentiment de revanche pour celui qui fait l’objet de critiques acerbes depuis sa titularisation en équipe nationale. Le joueur passé par As Valence et la Fundesport a été en effet présenté comme le principal fautif sur le but égalisateur du Burkina Faso au premier match de la CAN.
Son tort, avoir relâché une balle qui profitera aux Étalons. Suffisant pour entendre les quolibets les plus inimaginables: «Notre problème c’est le gardien de buts. Il n’est pas compétitif», lançaient certains. «Comment peut-on jouer la CAN avec un gardien remplaçant en club», répliquaient les autres.
Des remarques pas toutes négatives. Joseph Ondoa peine réellement à trouver du temps de jeu en club. Parti du centre de formation du FC Barcelone en 2014 au même moment que d’autres anciens pensionnaires de la Fundesport, il signe au Nastic Tarragona en D2 espagnole.
L’aventure sera de courte durée, puisqu’Ondoa se voit encore obligé de ronger son frein sur le banc de touche. En août 2016, il s’engage avec la réserve du FC Séville. Mais là encore, les statistiques parlent en sa défaveur. 3 petits matchs seulement comme titulaire.
Le Lion du Cameroun
Pourtant avec l’équipe du Cameroun, c’est une tout autre histoire. Ondoa est convoqué pour la première fois chez les Lions indomptables en septembre 2014. Il profite de la mauvaise coupe du monde de Charles Itandje et de la mise à l’écart de Carlos Kameni. Aligné dans le onze de départ contre la RDC à Lubumbashi, il se révèle comme un grand talent.
Appliqué devant ses buts, il n’hésite pas à jouer son rôle de patron de la défense en criant, quand il le faut sur ses aînés, Stéphane Mbia et Nicolas Nkoulou. Le Cameroun remporte le match (2-0), Ondoa marque les esprits et surtout, il gagne la confiance de Volker Finke. L’ex-sélectionneur des Lions indomptables en fait rapidement son numéro 1 y compris pendant la CAN 2015 en Guinée Équatoriale.
Savoir saisir sa chance
Lorsque Volker Finke est limogé en octobre 2015, Ondoa est relégué sur la touche. Nommé à titre intérimaire à la tête des Lions indomptables, Alexandre Belinga convoque à nouveau Carlos Kameni. Le gardien de Malaga se montre impérial lors de la double confrontation avec le Niger comptant pour le tour préliminaire des qualifications de la Coupe du monde 2018.
En mars 2016, le Cameroun doit affronter l’Afrique du Sud en aller et retour dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2017. Carlos Kameni est forfait à cause d’une blessure. Hugo Broos qui dispute son premier match sur le banc de touche camerounais fait confiance à Roland Ndy Assembe au match aller à Limbe. Le sociétaire de l’As Nancy encaisse deux buts, dont un complètement gag sur un lobe depuis le milieu de terrain.
Au match retour, trois jours plus tard à Durban, Fabrice Ondoa est à nouveau titularisé. Sa prestation met tout le monde d’accord. Il remet ça contre la France en mai de la même année. Ses arrêts de grande classe évitent une défaite plus lourde aux Lions indomptables (3-2). Contre l’Algérie en octobre 2016, le jeune gardien fait sans doute le meilleur match de sa carrière en équipe du Cameroun. A lui tout seul, il écœure toute la ligne d’attaque des Fennecs, amenée par le Ballon d’or africain, Riyad Mahrez.
Le Cameroun d’abord
A en croire son entourage, pour Fabrice Ondoa, les Lions indomptables passent avant toutes les autres priorités. Approché, l’entraîneur Anicet Koung, réputé proche du joueur, revient sur les propos d’Ondoa alors qu’il passait le réveillon en famille le 31 décembre 2016. «L’équipe nationale, ça ne se discute pas. C’est une affaire à part. Si on me dit que le Cameroun a match tout à l’heure, je vais chausser les crampons et faire un bon match. L’équipe nationale n’a rien à voir avec le club», commentait le joueur ce soir-là.
Un amour et une détermination que le successeur des Thomas Nkono, Joseph Antoine Bell et autres Jacques Songo’o traduit sur le terrain à chacune de ses apparitions sous la tunique vert-rouge-jaune. C’est d’ailleurs ce qui fait sa force, analyse Thierry Metomo, entraîneur de football. «C’est un gardien avec des qualités exceptionnelles. Son manque de compétition entraîne une baisse de ses automatismes et réflexes, mais cela est gommé par sa force de caractère et ses qualités mentales. Plus la compétition avance, moins il commet des erreurs émotionnelles», souligne l’ancien entraîneur du TKC de Yaoundé.
N’allez donc pas croire que le natif de Yaoundé n’a plus de progrès à faire. «Il doit améliorer sa lecture du jeu et dépenser moins d’énergie dans ses prises de balles aériennes», conseille T. Metomo. Une marche de progression indispensable si Fabrice Ondoa veut devenir un très grand.