Si une partie de la population gabonaise boude la compétition au prétexte qu’elle fragilise davantage l’économie d’un pays, les organisateurs, eux, ne manquent pas de présenter les avantages de l’évènement.
463 milliards de FCFA. C’est le budget global de la 31e Coupe d’Afrique des Nations que le Gabon abrite depuis le 14 janvier. C’est beaucoup trop, pensent certains habitants du pays, dans un contexte où la chute des prix du pétrole a provoqué la diminution des ressources budgétaires de l’État. En 2012 déjà, lors de la co-organisation avec la Guinée-Equatoriale, le Gabon avait dépensé la colossale somme de 400 milliards de FCFA.
À Libreville, la capitale, le sujet suscite parfois des vagues d’indignation. «L’État dépense autant d’argent pour le football alors que nous avons des problèmes existentiels. Est-ce que vous savez par exemple que de nombreuses écoles n’ont pas de tables-blancs, que certains employés d’entreprises ne sont pas payés depuis des mois ? C’est choquant», réagit sous anonymat, une journaliste exerçant dans une radio urbaine basée dans la capitale gabonaise.
La jeune femme, la trentaine sonnée, originaire de la Province du Haut-Ogooué, croit savoir que c’est la principale cause du peu d’intérêt que la population accorde à l’évènement. « Regardez les stades, ils sont vides. Les gens préfèrent vaquer à d’autres occupations, car ils souffrent», renchérit-elle.
Le son de cloche est différent côté organisateurs. Pour eux, cette 2e CAN qu’abrite le Gabon en cinq ans dynamise le développement local.
Dans un article paru le 21 janvier dans Esprit d’équipe, le journal du comité d’organisation, il est indiqué que la CAN a permis la création de 50 000 emplois. Et même si les secteurs ne sont pas énumérés, le rédacteur de l’article fait savoir que «des dizaines d’entreprises internationales ont engrangé des démarches pour des investissements qui participeront à l’essor de l’économie locale».
Les tenants de cette thèse présentent la construction de deux nouveaux stades d’une capacité de 20 000 places chacun (Port-Gentil et Oyem), la réhabilitation de l’aéroport international de la métropole économique Port-Gentil, ou encore de quelques routes secondaires. Des arguments peu convaincants de l’avis d’une franche de la population qui vit avec le SMIG (salaire minimum interprofessionnel garanti) fixé à 150 000 FCFA.