Plus qu’un pari, c’est une promesse : si on remporte le trophée de cette 31ème Can au Gabon, je me marie avec Hugo Broos ! D’ailleurs, même si on parvient simplement en finale, le Belge, je l’embarque! Et si c’est le prix à payer pour que le Cameroun retrouve sa sérénité, je le ferai… Et puis, s’habituer à la nouveauté d’un Hugo Broos n’est pas forcément déplaisant.
Homme de principe, il nous a prouvé qu’il sait aussi se montrer ferme, inflexible, et surtout très déterminé, et qu’il assume pleinement ses responsabilités, en restant seul maître de ses décisions. J’ai un petit faible pour les hommes de caractère. Bref, j’aime les têtus…Au finish, je ne risque peut-être pas de tant m’ennuyer… Ce qui me plaît aussi chez Hugo Broos, c’est son honnêteté : il n’a jamais caché que sa priorité n’était pas la Can 2017, mais la Can 2019 ou mieux, la Coupe du monde ! Réaliste. Ambitieux.
D’abord former ses joueurs, et ensuite, renouveler ou rajeunir l’équipe. Pour cette Can Total Gabon 2017, le Belge n’avait pas caché qu’il se satisferait largement d’une participation aux ¼ de finale. Il ne voulait pas se risquer à rêver trop haut…D’ailleurs pourquoi se mentir ? Les Camerounais, dans leur grande majorité, ne donnaient pas cher de la peau des Lions, après toutes les Can ratées et la baisse de niveau générale, ou la mauvaise ambiance entre les joueurs etc.
Mais c’est plus facile de tout mettre sur le dos du coach. Au Cameroun, on critique tout le temps le coach de l’équipe nationale, et pourtant, ce n’est pas tout le temps le même ! A chaque compétition, c’est chaque Camerounais qui se sent pousser des ailes de sélectionneur : les officiels, la populace, tous se mêlent des décisions du coach. On trouve toujours à redire. Sous la pression, on s’est parfois retrouvés à livrer des matches où le sélectionneur ne se reconnaissait pas personnellement dans le classement des joueurs, mais quand le résultat final était désastreux, on accusait le coach.
Qui ne se souvient de Pierre Le Chantre et la manière cavalière dont a pris fin, sa carrière mouvementée au sein des Lions Indomptables ? Après la débâcle en Afrique du Sud, le Blanc a pris la tangente en embarquant pour un aller-simple en Europe, sans espoir de retour… Il savait qu’au Cameroun, 22 millions de joueurs et de supporters en colère l’attendaient à l’aéroport pour le lapider…
Prudent, Hugo Broos préfère, lui, jouer la carte de la raison. De nombreux appels du pied infructueux à certains professionnels évoluant à l’étranger l’ont décidé à se passer de ces stars, sans juger personne. J’ai donc suivi le 01er match de cette Can 2017 , comme perdue dans une forêt de sombres joueurs, de parfaits inconnus ! C’est à peine si j’ai reconnu un visage assez familier comme Aboubakar Vincent ou Nicolas Nkoulou. Hugo Broos n’a d’ailleurs pas hésité à chauffer les fesses de ce dernier sur le banc de touche lors d’un match pourtant crucial ! C’est vraiment gonflé ! Puis, le Belge a commencé à agencer des alignements fous, nous faisant découvrir au fur et à mesure, Bassogog, ou des phénomènes atypiques comme Fabrice Ondoua.
Une stratégie un peu çà gâte çà gâte qui a fini par se montrer payante, surtout face au Sénégal et ses Lions du Teranga. Car au Cameroun, il y a des Lions dans la forêt, mais aussi des lions dans la savane, comme à Waza, dans l’Extrême-nord ! Je remercie le Ciel d’avoir durci le cœur de certaines stars, afin qu’éclosent enfin, les talents d’une nouvelle succession dans l’arène. Sans crier gare, nous voici donc en demi-finale ! Pour Les Lions comme pour nous, un légitime motif de satisfaction. Mais pour continuer la formidable aventure, il nous faut un Hugo Broos stoïque, pratique, et surtout, libre de toute emprise. Pour réconcilier le peuple avec un football fortement émasculé par les ambitions des Lionnes… Et, aussi, pour préserver la paix de toute une nation. En attendant de voir comment Paul Biya va gérer l’après Can Gabon 2017, moi, j’ai fait une promesse, et je m’y tiens : si les Lions gagnent, j’épouse Broos !