Opinions of Wednesday, 26 September 2018

Auteur: Remy Ngono

Etoudi 2018: les Bulus trahissent Biya et choisissent Akéré Muna

Ils lui ont remis le chasse-mouches et autres civilités symboles du pouvoir. Ciel, ils ont dit en chœur « Akere Muna Président! Président! Président! ».

Des chants et des slogans à gorge déployée à la gloire d'un candidat de l'opposition dans la région natale du chef de l'État camerounais qui sonnaient comme la fin des temps du maître absolu Paul Biya .

Finie l'époque où on proclamait que tous les Bulus et tous les 275 000 électeurs de la région du Sud étaient le bétail électoral et le terreau fertile pour le plébiscite de Paul Biya. Il suffisait d'une simple déclaration à surenchère tribaliste d'une seule élite de cette région, pour dresser les populations contre l'opposition et faire du Sud une zone de non-droit pour les autres candidats venus d'ailleurs.

En 1992, le ministre Jacques Fame Ndongo, accompagné de ses deux collègues du gouvernement Joseph Owona et Grégoire Owona, s'étaient lancés dans des discours populistes, extrémistes, tribalistes, aux relents nazis, conviant les populations du Sud à « ne pas voter pour les étrangers qui, s'ils sont élus, vont massacrer les Bulu- Beti ».

Les garde-chiourmes et garde-chiottes du parti au pouvoir n'hésitaient pas à briser les côtes aux récalcitrants.
Mais après 36 ans de pouvoir, Paul Biya n'a pas pu développer la région d'où il est issu. La région du Sud est un monde aux deux lunes, un univers parallèle: les élites ont profité du régime pour voler, s'enrichir extraordinairement et mettre leurs proches à l'abri, plongeant les autres dans la trajectoire de misère au même titre que tous les exclus du Cameroun. Le chômage explose. Les vies sont dévastées.

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C'est toujours à l'approche de l'élection présidentielle que les élites du Sud viennent distribuer des miettes et que Paul Biya lance ses projets à la cantonade. Le 17 janvier 2011, en campagne anticipée pour sa propre succession, à l'ouverture du comice agro-pastoral d'Ebolowa, Paul Biya avait promis une autoroute de 118 km pour relier Sangmelima- Mengong. I

l avait déclaré qu'il allait débloquer 42 milliards pour 30 mois de travaux. Aujourd'hui, le Sud est l'une des régions les plus enclavées du Cameroun au point où les paysans sont coupés en saison des pluies de la Guinée Équatoriale et du Gabon, et ne peuvent plus y découler leurs produits vivriers. Pour se rendre dans son village, Charles Ndongo, nommé directeur général de la propagande de Paul Biya à la CRTV, doit abandonner sa voiture pour traverser les rivières à la nage ou à la pirogue, faute de ponts.

Les Bulus sont tenus génétiquement coupables de tous les maux du favoritisme par les séparatistes anglophones et deviennent victimes d'anathématisation d'autres tribus francophones à cause des préjugés d'être nés avec une cuillère d'argent dans la bouche, parce qu'appartenant à la même ethnie que Paul Biya. Il faut aller sur place comme Akere Muna pour voir la fracture sociale et le divorce entre les élites et le bas- peuple. Les ministres Mebe Ngo'o, Fame Ndongo et autres, grands voleurs devant l'Éternel, ne peuvent même pas faire un bain de foule de peur de se faire lyncher.

En janvier 2011, les élites du Sud avaient demandé aux paysans de voter Paul Biya qui allait construire une usine de transformation de manioc en 10 mois, laquelle devrait être opérationnelle en novembre 2011, c'est-à-dire un mois après l'élection présidentielle. À peine l'Inde avait-il débloqué le crédit pour la construction de l'usine dénommée SOTRAMAS, que les épouses de ces membres du gouvernement s'étaient constituées actionnaires et avaient empoché 130 millions de ristournes, plus 80 millions de frais de missions. 2, 5 milliards avaient été débloqués pour l'achat des fausses machines qui sont toutes tombées en panne après trois semaines dans des locaux actuellement vétustes .

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Alors que le Président Ahidjo organisait le comice agro-pastoral tous les 2 ans, il a fallu 26 ans pour que Paul Biya organise un comice dans sa région, à Ebolowa. Et jusqu'à ce jour, l'hôtel du comice n'est toujours pas achevé. Les tracteurs SOLINKA achetés à 18 milliards 825 millions pour cultiver 5000 hectares de riz et de maïs ont été abandonnés dans les broussailles. Le stade Paul Biya pour lequel on a débloqué un milliard et qui devait être construit en faveur des jeunes de Mvomeka'a, village natal du chef de l'État, n'a jamais vu le jour.

Frustrés, les populations du Sud résistent désormais aux sirènes de la manipulation, de la division, et scandent amoureusement le nom d'Akere Muna qui a une vision de réconciliation, d'acceptation entre francophones et anglophones, entre toutes les tribus, un pays où il n'y aura pas de chasse aux sorcières dans les sillons de la région de Paul Biya.

Le Sud n'est plus la région de l'ancien régime, mais une région de la fondation des 286 ethnies de la version Nouvelle République que va bâtir Akere Muna. Comme le disait Albert Mousset : « On entend par nation, un groupement d'hommes réunis par une même erreur sur leur origine ».