Vendredi, à Yaoundé, capitale du Cameroun, la première audience du procès médiatisé de l'écrivain Patrice Nganang aura duré 2 minutes, « le temps qu'on lui présente ce qu'on lui reproche », a expliqué Me Emmanuel Simh, l'avocat de l'auteur, à l'AFP. « Le ministère public a sollicité (et obtenu mardi) un renvoi au 19 janvier pour faire venir ses témoins », ajoute-t-il.
Interpelé le 6 décembre dernier, Patrice Nganang se voyait au départ reprocher une tribune publiée dans le journal Jeune Afrique, très critique vis-à-vis du gouvernement de Paul Biya. Après la découverte de deux passeports dans ses effets personnels, c'est une accusation d'« immigration illégale » qui pesait sur l'auteur. Finalement, comme l'indiquait le porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, c'est un message publié sur Facebook, à l'attention du président Paul Biya, qui aurait mené à l'arrestation de Nganang.
« Je ne sais pas de quels témoins il s'agit dans une affaire où on critique un post sur Facebook. Je ne sais pas ce que les témoins viendront dire d'autre puisque les éléments qu'on lui reproche sont tous contenus dans ce post », a souligné Me Emmanuel Simh à la sortie de l'audience du vendredi 15 décembre. Outre les propos tenus sur Facebook, on lui reproche « les faits d'outrage à corps constitués notamment d'avoir écrit que les forces armées camerounaises sont mendiantes et indigentes parce qu'elles demandent des bières aux gens ».
Les opinions de Patrice Nganang sur le gouvernement de Paul Biya sont très médiatisées, au Cameroun et à l'international, et ce sont ces dernières qui auraient valu une arrestation à l'auteur. Pour l'avocat, « [o]n dit qu'il menace “quiconque de mort” par un post Facebook sans dire que c'est le président de République ». D'après Me Simh, c'est une « note » du patron de la police qui aurait ordonné « qu'on l'arrête pour enquêtes sur les propos écrits contre le président de la République ».
Si le Cameroun reste divisé entre soutiens de Nganang et partisans de Paul Biya, à l'international, une campagne pour la libération de l'écrivain s'organise : une pétition en ligne cumule près de 8000 signatures au moment de la publication de cet article, tandis qu'une campagne de diffusion de lectures des textes signés par Nganang a été mise sur pied par Diacritik.
Nyasha Bakare, épouse de Patrice Nganang, lit ainsi un extrait de Mount Pleasant, et chacun est appelé à en faire autant pour accélérer la libération de l'auteur.