Plus de 2 000 jours en prison, des dizaines d’audiences et de renvois et aucun jugement. Depuis son arrestation fin juillet 2016, l’ancien directeur général de la radio-télévision publique du Cameroun (CRTV) Amadou Vamoulké, 72 ans, attend toujours son procès. Réputé pour son intégrité, le journaliste Amadou Vamoulké est poursuivi pour détournement présumé de fonds publics.
Alors que le journaliste a aujourd’hui 72 ans et après avoir passé plus de 2000 jours en détention “préventive”, Reporters sans Frontières (RSF) demande à l’ONU de tout faire pour obtenir sa libération immédiate compte tenu de son état de santé extrêmement fragile et de l’urgence des soins dont il a besoin.
Nommé en 2005, Amadou Vamoulké a dirigé l’audiovisuel public camerounais pendant plus de dix ans avant de tomber en disgrâce. En 2016, il a été accusé de détournements de fonds publics par le Tribunal criminel spécial (TCS), une juridiction dédiée à la répression de la grande corruption. Seulement voilà, il n’y a "ni preuve, ni témoin à charge", selon l'ONG Reporters sans frontières qui rappelle que le journaliste est réputé pour son intégrité.
La politique anti-corruption lancée par les autorités camerounaises en 2006, l'opération Epervier, est régulièrement accusée d’avoir été dévoyée pour se débarrasser des personnalités devenues gênantes pour le pouvoir.
Deux personnalités sont pointées du doigt. Il s'agit de Paul Biya et de Cavayé Yeguié. Pour l’homme politique Sosthène Médard Lipot du MRC, seuls ces deux noms précités savent de quoi est coupable Amadou Vamoulké.
« D’où vient-il que depuis sept ans, cet homme intègre, néanmoins militant du parti administratif d’un régime dictatorial, soit l’objet d’un procès kafkaïen, non sans une centaine de renvois ? Incroyable, mais vrai... Et pourquoi cette haine du système dictatorial à l’encontre de l’un de ses serviteurs les plus zélés ? Aurait-il simplement refusé de voler « leurs » milliards pour être cyniquement accusé ensuite de super-voleur par ses propres(sales) camarades du Rdpc jaloux de le voir se prévaloir d’avoir les mains propres ? Plausible : cette piste serait vraisemblable, quoiqu’incertaine. Seuls les nonagénaire et octogénaire, Biya et Cavaye, savent aujourd’hui quel crime de lèse-majesté le septuagénaire Amadou Vamoulké aurait(?) commis. » déplore-t-il sur sa page Facebook.
Il faut le rappeler, les réactions liées à la libération de Amadou Vamoulké se sont intensifiées suite à la libération de Basile Atangana Kouna, il y a quelques jours., pour des détournements de fonds également. Sauf que dans ce cas, la culpabilité de l'accusé a été établie et une partie du corps du délit restituée.