Alors que le Cameroun a rendu un hommage aux 79 victimes qui ont péri dans le déraillement d'un train Yaoundé-Douala, la population réclame des explications aux autorités camerounaises, mais aussi à l’exploitant de cette ligne de chemin de fer, Camrail. Une enquête est en cours pour déterminer les causes de l’accident.
Sur instruction du président Paul Biya, rentré dimanche au Cameroun après un mois passé à l'étranger, le pays observait lundi une journée de deuil national et les drapeaux étaient en berne.
Des cérémonies d’hommages aux 79 victimes du déraillement du train ont eu lieu à Yaoundé, Douala et Eseka. Dans cette ville du sud-ouest du pays où s’est déroulé le drame, le préfet et le maire de la localité ainsi qu'un représentant du groupe Bolloré étaient présents lors du recueillement. Le directeur régional de l’entreprise française propriétaire de Camrail (exploitant de la ligne de chemin de fer), Mohamed Abdoulaye Diop, a tenu à présenter ses condoléances et a précisé que « les enquêtes sont en cours » pour faire la lumière sur cette catastrophe ferroviaire.
« Je pense que pour chaque partie et pour les familles des disparus, il est important que des explications soient trouvées. Il y a des équipes techniques qui sont rodées dans les chemins de fer. Ces équipes, dès les premiers instants, sont arrivées pour accompagner les nôtres. Je parle d’enquête interne », ajoute Mohamed Abdoulaye Diop.
La classe politique demande des explications
Le pouvoir a en effet annoncé l'ouverture d'une enquête « approfondie » sur les circonstances de ce drame. Mais le parti d’opposition Front social-démocrate (SDF) réclame une enquête menée par des personnalités sans rapport avec l'exécutif pour faire la lumière sur tous les volets du dossier.
« L’exécutif ne peut pas prétendre mettre sur pied une enquête, elle doit être véritablement indépendante, sinon au moins parlementaire, pour que les responsabilités soient identifiées », clame Joshua Ossih, premier vice-président du SDF. « Il faudra qu’on enquête non seulement sur la qualité de la concession du rail camerounais, mais aussi sur l’infrastructure de transport », ajoute le député sur RFI.
Selon Joshua Ossih, la route Douala-Yaoundé « est dans le budget 2016 pour une rénovation » et il précise que nous sommes « pratiquement au mois de novembre, donc en fin d’année budgétaire », et que « rien n’a été fait jusqu’à présent ».
Quid de la responsabilité de l’Etat ?
De son côté, le ministre camerounais de la Communication et porte-parole du gouvernement, Issa Tchiroma Bakary, dément toute négligence de l'Etat. « On ne saurait parler de manquement. Nous avons conduit des auscultations sur l’ensemble de notre nationale numéro 3. Nous sommes parfaitement au courant de la dégradation de certains aspects de certaines routes qui ont une trentaine d’années. On ne peut donc pas nous accuser de ne pas avoir une vision globale de l’intendance de cette portion de notre route », a-t-il déclaré à RFI.
Rappelons que le train en direction de Douala comptait dix-huit wagons, tous pleins à craquer. Une longueur de rame exceptionnelle causée par l’interruption de la circulation sur la route Douala-Yaoundé suite à un éboulement d’un pont sur la route survenu plus tôt sous l'effet de la pluie.
« L’opposition n'a même pas l’humilité de venir à la source pour savoir ce que le gouvernement fait. Les enquêtes sont déjà ouvertes, dès lors que les résultats seront portés à la connaissance du gouvernement, toutes les mesures, dussent-elles être difficiles à prendre, elles seront prises pour nous éviter la répétition d’un tel événement », conclut le ministre.