Actualités of Monday, 13 February 2017

Source: afrique.latribune.fr

Drame d'Éséka: la bataille avec Bolloré ne fait que commencer

La bataille entre Bolloré et les collectifs de soutien aux victimes d'Éséka ne fait que commencer La bataille entre Bolloré et les collectifs de soutien aux victimes d'Éséka ne fait que commencer

La première escarmouche judiciaire de l’Affaire Camrail a été remporté par le groupe Bolloré, après que le parquet de Nanterre se soit déclaré « incompétent » à instruire une procédure pénale à l’encontre de Camrail.

Les plaignants ne semblent pas s’avouer vaincus et préparent une nouvelle procédure au niveau de la même juridiction, mais cette fois au niveau financier.

L'instruction judiciaire à l'encontre de Camrail, filiale camerounaise du groupe Bolloré, n'aura finalement pas lieu en France. Saisi par une plainte, suite à la catastrophe ferroviaire d'Eseka au Cameroun, le parquet de Nanterre vient de se déclarer « incompétent » pour mener l'instruction le 10 février dernier. Survenue le 21 octobre dernier, cette catastrophe ferroviaire a fait 79 morts et un minimum de 550 blessés aux abords de la gare d'Eseka (200 km au Sud de Yaoundé).

La plainte avait été déposée par le Syndicat professionnel des conducteurs de train du Cameroun, le Comité de libération des prisonniers politiques (CL2P) et le groupe de solidarité aux victimes du 21 octobre. Une action qui n'a pas fait long feu, après que le parquet se soit déclaré incompétent. Une décision justifiée par l'absence de victime française de son ressort territorial.

L'instruction devait se baser sur une plainte contre X visant notamment des faits d'homicides et de blessures involontaires, de non-assistance à personnes en danger et mise en danger d'autrui. Les plaignants comptaient également remettre en cause la gouvernance du secteur des transports ferroviaires par Yaoundé. Les conditions qui ont entouré la privatisation des chemins de fer camerounais, le renouvellement de la concession et ou encore l'opacité qui entoure les charges du Camrail devaient également être évoquées par les plaignants.

Après le pénal place au civil

Le choix du tribunal de Nanterre s'explique par le fait que le siège social du groupe Bolloré, actionnaire majoritaire de Camrail à hauteur de 77,4%, se trouve dans sa juridiction. Pour les représentants légaux des plaignants, porter plainte à Nanterre signifier déplacer la bataille judiciaire au plus près de « celui qui contrôle le capital ». Ces derniers ne s'avouent pas vaincus pour autant et préparent une nouvelle action en justice, notamment une nouvelle plainte au même tribunal de Nanterre, mais cette fois-ci sur le volet financier.

L'offensive judiciaire contre l'empire Bolloré ne se limite pas aux tribunaux français. Des procédures sont actuellement en cours au Cameroun et en Italie, suite à l'analyse des données contenues dans la boite noire de la locomotive. En effet, les experts ont établi l'existence de graves dysfonctionnements dans 13 des 17 voitures formant le convoi, en y incluant les 8 ajoutées par Camrail pour pallier l'afflux des voyageurs sur ce trajet le 21 octobre dernier.

Les experts diligentés par la justice camerounaise ont également précisé que la responsabilité de Camrail était engagée vu que l'accident est le résultat d'une série de défaillance techniques connues et non traitées, des erreurs graves et des décisions inconséquentes qui touchent 4 niveaux de responsabilité au sein de Camrail. Dont le premier est occupé par Didier Vandenbon, DG de Camrail ayant ordonné la formation du convoi.