Actualités of Friday, 19 August 2022

Source: www.camerounweb.com

Opération Epervier : écho favorable pour d'autres prisonniers lavés de tout soupçon

Opération Epervier au Cameroun Opération Epervier au Cameroun


• L’opération Epervier avait ratissé large

• Certains prisonniers ont été relâchés

• D’autres sont toujours derrière la grille

L'opération Epervier, pour la définir, est une grande opération judiciaire lancée pour lutter contre la corruption au Cameroun. Elle a été initiée en 2006 par le gouvernement du Premier ministre Ephraïm Inoni, pressé par les bailleurs de fonds internationaux.

Aujourd’hui, certaines anciennes autorités arrêtées dans le cadre de cette opération ont retrouvé leur liberté. D’autres n’ont pas eu la même chance. Pour celles-ci, les populations ont commencé par faire pression pour que le régime de Yaoundé leur ouvre les portes de la prison.

L’avocat Me Christian Bomo Ntimbane de la Société civile des réconciliateurs trouve qu’il faut justement soutenir ces jeunes et tous Camerounais qui militent pour une justice plus équitable, sans deux poids et deux mesures.

Pourquoi il faut soutenir toutes ces initiatives de demande de libération des prisonniers de l'opération Epervier

Des jeunes du département de la Lekié, tout comme ceux du septentrion viennent de demander la libération des élites de leur département emprisonnés dans le cadre de l'opération Epervier.

Dans un contexte de règlements de compte politiques, et de guerres de clans, il apparaît clairement que l'essentiel des procédures menées par le TCS et bien avant par les tribunaux de grande instance de Yaoundé et de Douala, statuant en matière de détournement de deniers publics, contre les anciens membres du gouvernement, assimilés et directeurs généraux, est sujette aux influences et autres instrumentalisations.

Derrière chaque dossier du TCS, il y a des marionnettistes politiques qui veulent régler des comptes à d'autres pour diverses raisons. Mais essentiellement pour des raisons d'ascension sociale.

Les libérations de ces prisonniers sont dès lors justifiées parce que la justice camerounaise n'est pas structurellement indépendante, pourtant la principale garantie d'un procès juste et équitable.

Prenons le cas de Monsieur Amadou Vamoulké, dont l'affaire a déjà fait l'objet de plus d'une centaine de renvois parce que le parquet ne parvient pas à soutenir son accusation. En cours, le dossier de Monsieur Alain Mebe Ngo'o qui est accusé d'avoir détourné un prêt chinois de 300 milliards ayant pourtant servi à l'achat des armes qui ont permis de lutter contre Boko-Haram.

Comment aurait-il pu détourner ce prêt alors qu'il est bien connu que quand la Chine prête de l'argent à un Etat, elle ne lui remet pas cet argent espèce, mais du matériel qu'elle évalue au montant du prêt sollicité.

Une autre accusation portée contre lui, celle d'avoir reçu des pots de vins d'un prestataire français appelé Magforce, vient de tomber d'elle-même. La justice française qui a fini ses enquêtes et instructions sur cette affaire, ne l'a jamais impliqué ou poursuivi pour de tels faits.

Prenons le cas de Marafa Hamidou Yaya qu'on accuse d'avoir été un auteur intellectuel d'un détournement. En fait on lui reproche de ne pas pouvoir rapporter la preuve qu'il a reçu une instruction du président de la République, lui demandant de faire débloquer par la SNH l'argent pour acheter l'avion présidentiel.

Or le DG de la SNH avait reconnu avoir été instruit par le président de la République dans ce sens. Le cas de monsieur Jean-Marie Atangana Mebara est aussi assez illustratif. Après avoir été libéré par le tribunal de grande instance, il n'avait pas été libéré comme le prévoit la loi.

Le procureur a fait appel de la décision et a continué à le maintenir en prison sans aucune décision de condamnation, mais en lui délivrant un autre mandat de dépôt, jusqu’à ce que la Cour d'Appel vienne rectifier la décision du tribunal qui l'avait libéré.

Du jamais vu en droit. Que dire de Monsieur Polycarpe Abah Abah dont personne n'a jamais pu établir de manière convaincante qu'il a détourné de l'argent. Ou encore de Monsieur Urbain Olanguena dont les jeunes de la Lekié demandent la libération dans le document ci-joint.

Cet ancien ministre de la Santé avait été accusé d'avoir détourné les fonds de lutte contre le Sida. Mais l'Organisation mondiale de la santé qui avait prêté cet argent au Cameroun et qui suivait la gestion a clairement dit qu'aucune somme d'argent n'avait été détournée.

C'est la même situation dans laquelle se trouve Monsieur Ambassa Zang, ancien ministre des Travaux publics, condamné et en exil, pour avoir prétendument détourné un financement de l'Agence française de développement. Or cette agence a clairement répondu qu'il n'y avait eu aucun de ses fonds détournés au Cameroun.

On peut en citer des cas et cas. Bien évidemment, après que l'opinion publique a été manipulée par une presse et médias à gages, il devient pratiquement impossible de comprendre que l'injustice peut aussi frapper les puissants et les riches. Surtout dans un contexte de misère et de pauvreté, où ceux qui sont aux affaires ou assument des hautes fonctions de l'Etat sont considérés comme les auteurs de leurs mauvaises conditions de vie.

Il est venu le temps de donner la liberté à toutes ces personnes et de mettre en place un véritable système judiciaire, indépendant dont les décisions ne seront pas suspectées d'instrumentalisation. On ne saurait garder en prison des personnes qui n'ont pas eu droit aux procès justes et équitables.