Les événements malheureux qui secouent actuellement les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ne laissent indifférent aucun Camerounais soucieux de la préservation de la paix sociale et de la concorde nationale.
Les faits et gestes que charrie l’actualité au quotidien renseignent suffisamment sur la gravité d’une situation qui ne saurait perdurer sans renforcer ces murs d’incompréhensions qui font le lit à la radicalisation.
Par la force des choses, l’Etat souverain s’est retrouvé face à une avalanche de revendications corporatistes, puis d’argumentaires dont l’interprétation est loin d’être achevée.
Ce qui est très visible en revanche c’est la grande mobilisation à laquelle on assiste actuellement. Partis politiques, élus de la nation, représentants des syndicats et autres personnalités de la société civile se sont levés tous ensemble, pour voir de près la véritable nature de ce traumatisme qui affecte une partie du Triangle national.
L’Etat a déjà adopté une série de mesures d’apaisement, notamment l’ouverture des enquêtes judiciaires sur les allégations d’agression et de brutalité sur des avocats, la création d’un cadre de concertation chargé d’examiner les préoccupations soulevées par les syndicats d’enseignants anglophones en vue de proposer des solutions appropriées.
Toutefois, il n’aura échappé à personne qu’un rapprochement des différents points de vue exprimés jusqu’ici est d’une impérieuse nécessité. Sans balayer d’un revers de la main les différentes préoccupations, il est évident qu’une cessation d’activités sur une longue période aura pour principales victimes l’économie locale et surtout les populations les plus vulnérables.
D’où la nécessité de se tendre la main, de s’inviter au dialogue pour renouer au plus vite les fils distendus par la défiance. Toute discussion suppose deux interlocuteurs animés par la même volonté de se rapprocher, de se regarder les yeux dans les yeux, de se parler sans faux fuyant.
Aucun dialogue sincère et fructueux n’est concevable sans la tolérance, sans l’acceptation d’une certaine proximité physique et psychologique, de manière à évacuer des peurs, des relents de haine, de rancune ou de frustration.
S’engager dans une telle voie ne saurait être ni une faiblesse, ni un aveu d’échec, mais plutôt la manifestation du courage, de la volonté d’exprimer ses opinions sans avoir recours aux paravents langagiers qui masquent parfois des sous-entendus. Car ne nous voilons pas la face : aucun interlocuteur, ni aucune entité nationale ne sortirait gagnant d’une concertation enfermée dès le départ dans la logique des camps retranchés ; chacun ayant pour principal objectif de faire prévaloir son argumentation sur toute autre considération.
Personne ne sortirait non plus grandi d’une épuisante logique de bras de fer dont les principaux initiateurs auraient pour unique finalité de faire perdre la face aux autres, débouchant pour ainsi dire sur une sorte de dialogue de sourds sans résultat concret.
Au-delà des arguments avancés ici et là pour justifier ou déconstruire telle ou telle thèse aux fondements historiques plus ou moins discutables, il faudrait garder à l’esprit que ce qui importe avant tout c’est la réaffirmation de notre volonté de vivre-ensemble en tant que communauté de destins, dans cette unité dans la diversité devenue notre marque de fabrique dans le concert des nations.