Comme l’a annoncé jeudi le 28 juillet 2022 la rédaction de CamerounWeb, le Secrétaire général de la présidence de la République (SGPR), Ferdinand Ngoh Ngoh tente à nouveau de faire libérer Basile Atangana Kouna. Pour d'aucuns, Paul Biya devait prononcé une grâce présidentielle plutôt.
D’aucuns interrogent le fondement juridique de l’intervention jugée récurrente de la présidence de la République dans des dossiers judiciaires en cours. Des interventions révélées et dévoilées par la révolution numérique des réseaux sociaux heurtent de plein fouet une opinion publique interloquée. Me Christian Bomo Ntimbane de la Société civile des réconciliateurs, dans cette tribune suivante, explique qu’il est « considéré juridiquement et jusqu'à présent comme innocent ».
« La condition ici étant que l'affaire ne soit pas encore jugée. Ce n'est pas parce qu'une bonne partie de l’opinion publique veut voir Monsieur ATANGANA KOUNA condamné ou en prison, que la règle prévue devrait être écartée, en ce qui le concerne. La justice est aveugle. La loi est dure. » indique l'avocat.
Cette décision a du mal à passer pour l'opinion dont le lanceur d'alerte Boris Bertolt. Ce dernier rappelle qu’Yves Michel Fotso avait également remboursé le corps du délit. Ce fut d’ailleurs le premier à payer de toute l’opération Épervier mais il est resté en prison pendant près de 10 ans. Mais n'a pas bénéficié de cette décision de Paul Biya.
L'opposant Pierre Mila Assoute sur sa page Facebook a aussi évoqué le cas Yves Michel Fotso.
« Libération de prisonniers " éperviers" coupables de détournements de fonds publics. La Justice du Cameroun se rend-elle par le chef de l'Etat ou par les juges du pouvoir judiciaire ? Pourquoi faire intervenir le chef de l'Etat pour faire le travail des avocats auprès du garde des sceaux puisque les dispositions légales autorisent l'arrêt des poursuites ? Comment ne pas voir que la justice est télécommandée pour les autres cas ? Yves Michel Fotso avait restitué le corps du délit aussi et il n'y a pas eu arrêt des poursuites. j'ai entendu la même chose concernant feu Mendoze... L'opération épervier doit rester judiciaire. le chef de l'Etat peut aussi assumer carrément de le gracier... Un homme que l'Etat a déplace tout un jet pour aller le récupérer au Nigeria en robe de femme.... Soyons sérieux!!! » indique t-il.
Le pouvoir exécutif multiplie-t-il les interférences dans les prérogatives du pouvoir judiciaire mettant à mal le sacro- saint principe de la séparation des pouvoirs chère à la démocratie ? Interrogation justifiée lorsqu’on prend connaissance de la correspondance du ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République en date du 25 juillet dernier, adressée au ministre d’Etat, ministre de la Justice, Garde des Sceaux portant en objet, arrêt des poursuites contre le nommé Basile Atangana Kouna.
Me Claude Assira, célèbre avocat s’interroge : « En vertu de quel intérêt une autorité publique qui, si elle avait une prérogative, ne pourrait l’avoir que sur l’action publique, va-t-elle intervenir pour faire échapper un justiciable de l’action civile, le celle qui appartient exclusivement à la/les victime/s dont l’Etat du Cameroun, le citoyen camerounais ? », lit-on sur sa page Facebook hier.
L’avocat plonge ensuite dans un décryptage : « Cette correspondance révèle en filigrane que le Garde des sceaux semble vraiment vouloir s’extraire de la mainmise de la présidence de la République et réaffirmer une certaine indépendance qu’il faudra, pour la briser, utiliser un forceps. Il y a peu de risque qu’il pousse l’intrépidité jusqu’à défier ces ultimes instructions et passer outre mais, il y a là manifestement, une bataille rude entre les deux ministres d’Etat.» Au fond, cette bataille rude sert- elle la Justice ?