Un collectif d’avocats camerounais, représentant des victimes de l’accident ferroviaire d’Eseka, a signé une entente samedi avec le cabinet britannique Harding Mitchell. Celui-ci avait obtenu en juin l’indemnisation de 4000 personnes victimes des déchets toxiques du Probo Koala en Côte d'Ivoire.
Cela pourrait être un renfort de poids pour la cause des victimes de la catastrophe d’Eseka. Alors que le collectif d’avocats mené par Fru John Nsoh, Michel Janvier Voukeng et Guy Alain Tougoua a déposé une demande d’ouverture d’enquête en France, visant notamment la gestion de Camrail par le groupe Bolloré, le cabinet Harding Mitchell est officiellement entré, samedi 12 novembre, dans le jeu.
« Quand un avocat plaide devant une justice étrangère, il doit obligatoirement être accompagné par un confrère local », explique le collectif. Or celui-ci a engagé des actions non seulement en France, mais également en Italie, à Trieste, où l’assureur de la société Camrail, Generali, a son siège social.
« C’est pour cette raison que nous avons choisi Harding Mitchell, dont le siège est à Londres, et qui a des bureaux partout dans le monde, y compris à Paris et Trieste. La base opérationnelle de l’entente sera alternativement Douala et Londres, à partir desquelles l’équipe mixte comparaîtra devant les tribunaux français et italiens », explique encore le collectif.
L’expérience du Probo Koala
Autre motivation, loin d’être anecdotique : le cabinet britannique dispose d’une solide expérience dans la représentation collective de victimes de catastrophes. Il a notamment obtenu, en juin dernier, l’indemnisation de plus de 4 000 victimes du Probo Koala, du nom du navire appartenant à la société Trafigura et ayant déversé des déchets toxiques dans le port d’Abidjan en août 2006.
L’équipe de Harding Mitchell chargée de travailler en collaboration avec les avocats camerounais sera d’ailleurs menée par Me Kalilou Fadiga, membre de la défense dans l’affaire Trafigura. Celui-ci doit se rendre en milieu de semaine à Douala, afin de définir une « stratégie commune » dans les actions intentées après le déraillement d’Eseka.
Celles-ci visent pour le moment la gestion de la société Camrail par son actionnaire principal, le groupe français Bolloré, assuré notamment par l’Italien Generali. Le collectif d’avocats espère également faire la lumière sur le système de « réassurance » du groupe, dont l’échafaudage pourrait selon lui mener à Londres, où Harding Mitchell est basé.